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De l’inutilité militaire

Face aux invasions, les pouvoirs successifs n’ont eu de cesse de construire, Châteaux, fortifications, zones défensives ou quartiers fortifiés. Le Fort ou la forteresse ont considérablement évolué dans le temps s’adaptant progressivement au développement des armes et des stratégies offensives, puis plus tard à l’artillerie.

Pourtant, comme dans bien des domaines, le défenseur prendra très vite du retard face à l’innovation, notamment face au déploiement souvent considérable de l’attirail défensif nécessaire. En France, on compte nombre de fortifications marquées par une totale inutilité militaire dès leur mise en service. Pour d’autres, c’est l’extension ou le rétrécissement des territoires qui ont pu conduire à leur obsolescence.

Les exemples les plus marquants

17FortBoyard02Parmi les exemples les plus marquants, la ligne Maginot fut en son temps la pleine illustration qu’un dispositif large peut rapidement devenir inutile. En effet, en estimant que l’ennemi allemand allait forcément passer là où les fortifications élevée, le commandement militaire français avait manqué d’humilité.

Construit sous l’impulsion du ministre de la Guerre André Maginot, cette ligne de fortification discontinue devait couvrir les frontières avec la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie. Construite de 1928 à 1940, elle devenue synonyme d’une défense que l’on croit inviolable mais qui s’avère totalement inefficace.

La ligne Maginot est marquée par sa complexité comprenant des dispositifs défensifs sur plusieurs niveaux mais qui soufre de son manque d’homogénéïté. Les raisons furent avant tout budgétaires. En théorie l’ensemble de le ligne devait être conforme à ce que l’on retrouve dans le secteur de Thionville notamment avec une ligne d’avant-postes, une ligne principale de résistance, 2km derrière, des abris d’intervalle pour le soutien de l’infanterie et enfin une ligne de soutien principalement pour la logistique.

En estimant que la défense du secteur des Flandres face à la Belgique devait se faire en Belgique, ce secteur sera développé trop tard entre 1936 et 1940, ce qui aura pour conséquence de facilité l’invasion allemande en 1940. On retrouvera le même défaut au niveau de la Sarre.

Plus médiatique, l’autre exemple marquant est le Fort Boyard. Cette forteresse ancrée au milieu de flots devait bloquer le passage entre les îles d’Oléron et de Ré sur le chemin de La Rochelle et de l’Arsenal de Rochefort. Ce dernier déjà protégé par un dispositif défensif composé de plusieurs forts côtiers ou sur des îles, sera doté d’un point d ‘appui en mer pour contrer les navires adverses et éviter un débarquement sur ces îles. Mais face à la difficulté des travaux en mer (uniquement à mer basse et pendant les périodes de calme), le chantier traînera en longueur. Le jour de sa mise en service, il est devenu totalement inutile, en raison de l’augmentation de la portée de l’artillerie qui permet désormais de pilonner les défenses de La Rochelle et de l’Arsenal depuis la pleine mer.

D’autres fortifications, vouées à la dissuasion, n’auront jamais servi, mais c’est un autre débat.

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Auteur de l’article : La rédaction

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