Le Phare de Cordouan est le seul phare de Gironde en pleine mer et le plus vieux phare français encore en activité. Les autres phares du département sont répartis sur la côte et sont plus ou moins bien connus. Ainsi, si ceux du Cap-Ferret ou du Verdon sont souvent ouverts au public, d’autres tels que celui du lac d’Hourtin positionné à proximité d’un terrain militaire sont totalement méconnu. Il faut dire il est fermé à toute visite.
Le phare de Cordouan est une tour blanche haute de 68 mètres, en pierre blanche de Saintonge, d’un diamètre à la base de 16 mètres, placée à 7 km en mer sur un plateau rocheux, à égale distance des côtes de la Charente-Maritime et de la Gironde.
Ce phare majestueux est emblématique de la pointe du Médoc et une véritable attraction touristique. S’il est depuis de nombreuses années automatisé, un gardien y est basé en permanence pour assurer l’accueil du public, coordonner les travaux de restauration et assurer l’entretien quotidien du monument.
La phare est clairement visible depuis Soulac jusqu’à Saint-Palais et par temps clair on peut le voir d’encore plus loin.
En 2018, le Phare a présenté sa candidature pour être inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Il est le monument présenté par la France à la commission d’inscription pour 2018.
Informations pratiques
- Office de tourisme du Verdon
22, rue François Le Bretton 33123 Le Verdon-sur-Mer Tél. 05 56 09 61 78 – Fax : 05 56 09 61 32
- Vedette La Bohème II : Au départ de la Pointe de Grave, 99 passagers – réservation indispensable)
- Durée de la sortie : 4 heures environ
- Durée de la traversée : 30 minutes environ
- Possibilité de pêche à pieds lors des grands coefficients de marée Pique-nique fourni sur demande (supplément)
- Renseignements et réservation :
Richard Grass – 6, chemin du Toucq – 33123 Le Verdon-sur-Mer Tél. 05 56 09 62 93 ou 06 09 73 30 84 – Fax : 05 56 09 65 13 E-mail : RichardGRASS@net-up.com
1360, le début de l’histoire de Cordouan
L’histoire du phare de Cordouan reste bien mystérieuse, et son nom même demeure encore une énigme. La tradition rapporte que ce nom lui fut donné parce que les négociants d’Espagne qui venaient charger des vins à Bordeaux, en particulier ceux de la ville de Cordoue, demandèrent puis obtinrent qu’une tour soit construite à l’entrée de l’embouchure de la Gironde. Un phare primitif fut ainsi bâti vers 1360 sur les ordres du célèbre prince Noir (Edouard prince de Galles), chef de l’armée anglaise qui occupait alors la Guyenne. L’îlot de Cordouan est mentionné sous le nom de « Cordam » sur diverses cartes en 1313, 1436 et 1550.
De forme polygonale, il s’élevait à 16 mètres au-dessus du sol et était terminé par une plate-forme sur laquelle on allumait un feu de bois. Un ermite était chargé d’entretenir le feu, et il percevait pour sa peine un droit pour chaque navire qui entrait dans le fleuve.
En 1545 que la phare est mentionné pour la première fois dans un écrit, la Cosmographie de Jehan Allonfonsce et Paulin Secalart. En 1570, dans La vraye et entière description du royaume de France de Guillaume Postel, la tour apparaît sous le nom de « Tour de Corben ».
Mais les assauts répétés de l’océan et du vent ne cessaient de détériorer l’édifice. Les gouverneurs successifs de la Guyenne s’inquiétèrent de cette situation, et sollicitèrent l’intervention du roi Henri II puis celle de Catherine de Médicis, en vain. Il fallut attendre le règne d’Henri III et l’année 1584 pour que la reconstruction fut décidée. La tour primitive allait ainsi peu à peu céder la place à un monument grandiose, sans égal à travers le monde.
Le XVIe siècle
Ancien horloger devenu architecte et ingénieur, Louis de Foix signe le 2 mars 1584 le contrat par lequel il s’engage à bâtir un nouveau fanal sur l’îlot de Cordouan. En 1585, après un an de travail avec 200 ouvriers, le premier talus est réalisé avec beaucoup de difficultés. Mais Louis de Foix se retrouve rapidement sans argent. Il se laisse cependant convaincre par les commissaires du roi Henri III de poursuivre les travaux, au besoin sur ses propres deniers, et même d’asseoir sur les fondations un édifice plus beau et plus grand que celui prévu à l’origine. Les commissaires royaux lui promettent une récompense particulière du roi.
En 1589, Henri III, le dernier roi Valois, meurt et Henri IV, le premier roi Bourbon, monte sur le trône. En 1591, le phare prend forme, et Louis de Foix lui donne peu à peu l’allure d’un temple dédié à la gloire des deux rois ainsi qu’au caractère catholique de la monarchie française. Mais les travaux sont une nouvelle fois interrompus par manque d’argent. Louis de Foix se rend alors à Paris où il plaide sa cause auprès d’Henri IV. Le 28 juin 1594, un nouveau contrat est signé. Il prévoit des extensions nouvelles ainsi qu’une plate-forme plus large.
XVIIe siècle
Le monument est pratiquement achevé lorsque Louis de Foix meurt en 1603 ou 1604. Son contremaître, François Beuscher, lui succède un temps et les travaux se terminent en 1611.
La construction aura durée plus de 25 ans, mais Louis de Foix laisse derrière lui le plus beau phare du monde.
En 1645, soit moins de 35 ans après l’achèvement du monument de Louis de Foix, Une violente tempête détrut la pyramide et le dôme. Le phare de Cordouan se trouve dans un état de péril, les gardiens refusant de s’aventurer jusqu’à la lanterne afin d’y allumer le feu. A l’époque, les réparations et l’entretien des phares étaient à la charge du roi, et le sort de Cordouan n’intéresse visiblement plus. Un sursaut se produit en 1663, et Colbert fait procéder à d’importants travaux de restauration. Il est remis en service en 1664. Mais au début du règne de Louis XIV, l’état du phare laisse de nouveau beaucoup à désirer.
Le XVIIIe siècle à nos jours
En l’absence d’un feu régulier correctement entretenu, les naufrages se multiplient, et la colère des marins et des armateurs va grandissante. Devant les protestations, le phare de Cordouan est rattaché à la circonscription de Bordeaux en 1722.
En 1727, une nouvelle lanterne est installée et des travaux de consolidation sont entrepris. De 1739 à 1742, on construit une chaussée de débarquement, et en 1786, on décide de cercler de fer la partie haute de l’édifice qui menace de s’écrouler. La même année, un projet de surélévation du phare voit le jour. L’ingénieur Joseph Teulère, architecte de la ville de Bordeaux, est chargé des travaux. De 1786 à 1790, la tour s’élève ainsi de 60 pieds (20 mètres), et le phare prend sa forme actuelle.
Puis, en 1790, l’ingénieur continue son travail et met au point le premier feu tournant à réverbères paraboliques, constitué de lampes à huile, ou becs d’Argand. Il était manœuvré par une machinerie élaborée par un horloger de Dieppe, Henri Mulotin. Le combustible était un mélange de blanc de baleine, d’huile d’olive et d’huile de colza.
Le premier appareil lenticulaire de Fresnel à système tournant, application de l’invention d’Augustin-Jean Fresnel, fut expérimenté à Cordouan en 1823. La lampe à trois mèches concentriques, approvisionnée à l’huile de colza au moyen d’une pompe aspirante et foulante, était placée au « plan focal » de l’appareil.
En 1862, il est le premier édifice classé monument historique.
L’electrification est effectuée après la seconde guerre mondiale, en 1948. Il est doté pour se faire de deux groupes électrogènes autonomes reliés à une lampe de 6000W en 110 volts triphasé. Le feu fixe, transformé en feu à occultations avec trois secteurs colorés, est situé à 60,30 m au dessus des hautes mers. Compte tenu des besoins en énergie grandissants, le phare est doté d’un troisième groupe électrogène en 1976. En 1984, une lampe de 450 W au xénon a été intallée. Mais elle a été remplacée en 1987 par une lampe de 2000W aux halogènes
Les travaux autour du phare sont réguliers. En 2005 pour contrer les assauts de la mer qui mettent en péril la solidité du phare, une cuirasse de béton armé de 70 mètres de long et de 8 mètres de haut est construite autour du flanc ouest du bouclier.
Le 9 septembre 2010, les derniers gardiens quittent le phare. Ce dernier ne sera plus occupé que pas des équipes chargées des visites et de son entretien. Cordouan était le dernier phare français en pleine mer encore gardé.
Architecture
Le phare de Cordouan est une tour de pierre blanche haute de 68 mètres. La pière provient de Saintonge. La base du phare à un diamètre de 16 mètres est repose sur un plateau rocheux ditant de 7km des côtés girondines et charentaises. Le socle est bâti d’environ 300 pières de taille qui proviennent des côtes charentaises.
L’altitude du plateau à l’époque de la construction était de quelques mètres, ce qui facilita la construction de la première tour, ou « tour des Maures ». Mais au fil des années, l’érosion a fait son oeuvre et désormais le plateau n’emerge qu’à la marée basse.
Rez de chaussée
L’entrée du phare s’effectue par une large porte qui est condamnée à la marée haute. Le passage laisse entrevoir l’epaisseur du socle. Sur la gauche, l’appartement de l’ingénieur du roi a été restauré. Les logements des gardiens et les locaux techniques se trouvent également à l’extérieur de la tour sur la droit en entrant.
La tour comporte six étages. On y accède par un un portail monumental qui mène à un vestibule. L’escalier de 311 marches est accessible juste en face de l’entrée.
Premier étage, l’appartement du roi
Au premier étage se trouve l’appartement dit « appartement du Roi ». Traditionnellement, territoire du roi, le phare devait pouvoir l’accueillir à tout moment. Son aménagement ne remonte qu’à 1664. C’est une pièce voûtée, équipée d’une vraie cheminée, et pavée de marbre noir et blanc, décorée de pilastres aux monogrammes de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse.
Second étage, la châpelle
La chapelle est la plus belle pièce du phare. Elle comporte une voûte percée de huit baies richement ornées. Les deux vitraux, réalisés au moment de la construction de la chapelle, conservent leurs couleur vives et ont été restaurés. Des mariages sont encore célébrés chaque année dans cette chapelle. Et c’est ici que d’arrête le phare issu de la construction de Louis de Foix.
A partir du troisième étage
A partir de ce niveau, le visiteur entre dans la partie surélevée par Joseph Teulère. Cette salle est pavée de marbre blanc et noir. L’escalier mène ensuite à la chambre de quart où séjournaient les gardiens (entre le 5e et le 6e niveau). AU terme de la montée, on accède à la lenterne et à un chemin de ronde qui permet d’admirer le panorama sur la Côte d’Argent et la côte charentaise.
A peine à 7km des cotes, par beau temps la vue est remarquable. Le sémaphore du Verdon semblent à deux cordées, Royan à quelques brassées.
Les visites qui se font à la belle saison permettent de mettre en valeur l’édifice. A marée basse, le banc de sable qui glisse autour du phare laisse imaginer ce qui pouvait etre l’ile sur laquelle était construite naguère le phare.
Cela reste un monument à visiter absolument tant la ballade est agréable. Si vous passez dans la région bordelaise n’hésitez pas à faire un détour par le Verdon. Sa visite (sur réservation uniquement) émerveillera petits et grands.
A Cordouan, c’est donc une petite expédition qui vous attend pour le rejoindre. Certes la navette La Bohème II qui vous y conduit a tout d’un bateau moderne mais l’accès au phare est assez insolite. Après avoir été amené à proximité du phare sur une barge d’ostreiculteur, il vous faudra vous mouiller (au moins les pieds) pour accoster et vous rendre à l’entrée du phare. Ainsi selon la marée et son coéfficient, l’équipe de Richard Grass vous debarquera soit sur une digue soit sur un banc de sable. Lors des faibles marées, il n’est pas rare de devoir, à l’aller ou au retour, traverser l’eau à hauteur de taille. N’hesitez donc pas à vous munir de vétements adéquats.
Le phare de Cordouan peut être visité d’avril à septembre. Selon les coéfficients de marée, la pèche à pied est possible. La mi-aout et la fin septembre sont souvent propices à cette pratique.
13 commentaires sur “Phare de Cordouan”
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