Regions > Aquitaine > Gironde > Bordeaux > Moulin de Saïgon

Moulin de Saïgon

Sujets de l'article : Bordeaux , Moulin à eau

La ville de Bordeaux regorge de lieux mystérieux et souvent oubliés. Le Moulin de Saïgon qui se situe rue du Mascaret en est l’exemple même. Oubliés de tous jusqu’en 1965, ce lieu garde encore beaucoup de ses secrets

article créé en 2009. En cours de mise à jour et de vérification

L’origine du Moulin

L’origine de la construction du Moulin de Saïgon est mal connue. Faisait-il partie des moulins qui dépendaient directement de l’Abbaye Sainte-Croix ? Est-il le(s) moulin(s) évoqué(s) sur l’Estey Majou ? Difficile de l’affirmer avec certitude. L’architecture de ce bâtiment tel qu’il nous est parvenu permet difficilement de l’attester. Plusieurs réaménagements puis des rénovations récentes ont pu modifier le bâtiment initial.

Dès 1182, dans une donation de Richard Coeur de Lion, duc d’Aquitaine, de l’eau de Peyrelongue à l’Abbaye de Sainte Croix, on apprend que l’estey Sainte-Croix reçoit une batterie de moulins avant d’aborder les pieds de l’Abbaye. Mais, cette missive n’apporte pas plus de précisions sur leur lieu, en aval ou en amont du pont du Guy. Par ailleurs, un accord intervenant entre Beaudouin iv de Centujan et l’abbé arnaud de Sainte-Croix datant du le 11 juin 1187, fait encore état de nouvelles constructions et notamment sur l’Estey Majou. L’inventaire établi par Vincent Joineau dans la Revue Archéologique de Bordeaux (2004) ne fait état d’aucun moulin à son emplacement.

Pour autant la disposition du Moulin de Saïgon colle assez mal avec cet éloignement avec  l’Estey Sainte Croix (qui passe au pont du gui au sud de l’actuelle gare de Bordeaux) et celui avec l’Estey Majou qui s’écoule aujourd’hui en parallèle des boulevards jusqu’à Brienne.

Les cartes de la ville établies jusqu’au XIXe siècle ne sont pas suffisamment précises pour apporter des indices patents. En revanche les extraits du cadastre napoléonien  de 1820 donnent une vue très claire de la configuration des quais de Paludate à cette époque. Et il est intéressant d’y découvrir un réseau de canaux taillés au cordeau qui assurent en écoulement de l’eau depuis l’Estey Majou et l’Estey Sainte Croix mais probablement aussi d’assurer le drainage de terres historiquement marécageuses. On peut retrouver sur les parcelles de la série 2560 (3 à 8) le périmètre supposé du moulin dont le bâtiment principal est positionné aujourd’hui sur la parcelle 152 (Feuille 000 BS 01 du cadastre de Bordeaux). Entre l’emplacement de l’actuelle rue de Saigon et le moulin, s’écoule un petit canal baignant le moulin, passant juste derrière les actuels ateliers municipaux.

Extrait du Cadastre de 1820 – Archives de Bordeaux Métropole

 

Gare Saint Jean et salubrité du quartier de Paludate

Le quartier est devenu rapidement d’une grande insalubrité avec le développement des industries et les déversements industriels dans les différents cours d’eau. Avec le développement du commerce des céréales, les moyens de production de mouture se sont avérés insuffisants à Bordeaux et au niveau national. La production traditionnelle de mouture du se réformer en recherchant  des moyens de production plus performants.

Certains témoignages attesteraient que le bâtiment aurait été progressivement abandonné entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle pour ce quoi il avait été conçu. La construction de la Gare Saint-Jean et la densification des quartiers industriels au sud de la gare ont conduit les autorités à faire modifier le cours des esteys (et canaux associés). Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, de nombreux moulins furent convertis à la vapeur pour plus d’efficacité et en absence d’eau courante pouvant alimenter le moulin, fut-il dans ce cas ? Il faut dire que les sécheresses successives avaient asséché de nombreux cours d’eau et l’alimentation était devenu irrégulière. Dès 1832, l’utilisation de la vapeur commence à l’imposer. Le plan du quartier Belcier, mentionne un moulin à vapeur à proximité du bâtiment actuel : le moulin Stewart. Au départ moulin expérimental, il devait démontrer la viabilité de cette alimentation énergétique. D’autres seront construits et la concurrence commencera à s’affirmer après 1845 quand les courtiers se lanceront eux aussi dans la production de farine.

Les tablettes de Pierre Barnadau donnent des indices intéressants. Le 3 avril 1840, il parle du Moulim à vapeur à Paludate qui semble avoir été démarré durant cette année. Il parle également d’un ouvrage précédent  : « On fait aujourd’hui la première expérience d’un moulin à vapeur rétabli en Paludate et dont les autorités de la ville font grand éloge dans les journaux, comme devenant une excellente ressource pour la boulangerie à Bordeaux. Elle devrait se rappeler qu’il y a une dizaine d’années ce même moulin fut célébré également et que, cependant, celui qu’il avait établi s’y est ruiné. C’est le temps qui confirme la bonté d’une invention.« . Cette information est confirmée par Ainé Armangaud dans ton ouvrage « Machines outils et appareils » (tome 6, 1848) qui note des essais infructueux sur ce moulin à vapeur.

L’enquête se poursuit en consultant les autres plan disponibles. Celui de d’Alfred Lapierre de 1887, présente la position du moulin au sein d’un quartier qui a été renové et en particulier la place Belcier. Après le détournement du lit de l’Estey Majou lors de la construction de la Gare de Brienne, une partie du quartier de Brienne fut privé des différents canaux qui le traversaient.

Quartier Belcier, Alfred Lapierre de 1887

Quand l’effort de guerre fut nécessaire dès 1914, de nombreux moulins furent remis en service, et l’état apparent du bâtiment dans les photo aériennes de 1924 semble attester qu’il n’était pas en ruines loin de là. La présence d’une cheminée dans les plans depuis 1887 est-elle liée à l’usage de la vapeur dans le moulin ou pour un autre usage industriel ? Dans l’histoire de ce lieu, subsiste encore beaucoup d’incertitudes.

Vu aérienne d’août 1924 – Source Geoportail

En 1965, un entrepreneur bordelais, Jean Bédochaud voit en ce bâtiment le lieu idéal pour y installer le siège social de ses sociétés. Il le fait rénover entièrement, bâtiment principal et annexes. Entretenu pendant quarante ans jusqu’à son décès, le bâtiment fut racheté par Norbert Fradin en 2005. Il reprendra le bâtiment pour le transformer en un ensemble de lofts modernes.

Vu actuelle en 3D (Google Maps)

Le projet urbain Bordeaux Saint-Jean Belcier dans le cadre du programme EurAtlantique a placé le moulin parmi les bâtiments remarquables à protéger.

Architecture

Le bâtiment est massif et haut de quatre étages. Il a perdu sa roue à eau qui exploitait une dérivation d »un affluent de la Garonne. Aujourd’hui le bâtiment est réhabilité en habitation. Seize loft entre 80 et 140m2 y ont été aménagés . Le dernier étage de 230m2 est d’un seul tenant. Certains loft ont jusqu’à 18 mètres de hauteur sur plusieurs niveaux et sont aménagés dans des espaces peu ordinaires.

Sous le rez-de-chaussée des caves sont aménagées et un réseau de galeries existerait encore aujourd’hui.

33BdxMoulinSaigon01

En savoir plus

« La vie révée du Loft au Moulin de Saïgon »

Le dernier moulin à eau de Bordeaux

Cadastre de 1820, Archives de Bordeaux Métropoles

Cartes et plans de la ville de Bordeaux, Lexilogos

Extraits des tablettes de Pierre Barnadau, année 1840

Auteur de l’article : La rédaction

1 commentaire sur “Moulin de Saïgon

    Val de l’Eau Bourde : C'est En France

    (2 Déc ’15 - 17 h 28 min)

    […] dans les archives d’au moins un moulin à proximité des remparts. Il est probable que le Moulin de Saigon, situé rue de Saïgon ait été alimenté par un bras ou un canal en provenance de cet […]

Commentaires fermés.