Territoire particulièrement venté, la Gironde a vu le développement des moulins à vent comme dans d’autres régions. Le développement est tel que dans les inventaires réalisés sous Napoléon en 1809, on compte 816 moulins à vent sur les 1801 moulins recensés du territoire.
Le développement des moulins à vent à débuté comme ailleurs au XIIe siècle principalement dans le Médoc et dans le Blayais sur des coteaux balayés par le vent. Alors que les petits cours d’eau et rivière ont été domestiqués dès le Xe siècle, les moulins à vents explorent un aspect de la nature qui a échappé jusque là à toute soumission humaine. Les plus beaux témoignages qui sont parvenus jusqu’à nous se situent dans le tiers nord-est du département de la Gironde.
Un code de construction
La majorité des moulins à vent de Gironde répondent à des canons architecturaux relativement précis. Une hauteur de 6 à 8m est atteinte grâce à un appareil en pierre de taille ou en simples pierres recouvertes d’un enduit soigné. En général l’accès s’effectue par deux portes dans un axe est-ouest qui facilitent l’accès quel que soit la position des ailes. Les encadrements de porte sont réalisés en pierre de taille et mentionnent dans certains cas la date de construction du moulin.
Le rez de chaussée est souvent dédié à la vie du meunier. On peut y trouver une couche et de quoi remplir les sacs de farine. Il faut grimper au premier et au second étage pour accéder à la machinerie et à la meule. C’est par l’escalier qu’on achemine les sacs de grain. La meule bénéficie d’ailleurs de la puissance des ailes pour être installée en hauteur, le meunier pouvant installer seul une meule d’une à deux tonnes.
On retrouve deux grandes catégories de moulins, ceux construits sur une motte et ceux construit directement sol. Les premiers disposent souvent dans la motte d’une cave servant de stockage du grain.
Le Chapiteau et les ailes
Le chapiteau surmonte le fut du moulin. Cette toiture conique réalisée en général en bandeaux de châtaigner comprend l’arbre moteur qui fait le relai entre les ailes et le mécanisme situé dans le moulin. L’arbre moteur entraîne le grand rouet qui sert à mouvoir les meules. Les moulins de Vensac, de Cussol et du Grand Puy accueille régulièrement du public pour en faire la démonstration.
Les ailes à barreaux et cotrets reçoivent une toile pour capter le vent et pouvoir entrer en rotation. Combinée à une inclinaison bien choisie, la toile assure une bonne prise au vent. A l’opposé des ailes on retrouve fixé au chapiteau le timon. Ce morceau de bois, solidaire de la charpente permet de faire tourner manuellement le chapiteau et de positionner les ailes dans l’axe du vent.
Le système Berton, une évolution notable du XIXe siècle
A Blaignan, on notera un rare moulin à système Berton qui remplace le classique système entoilé par des pales rotatives en bois. Ce système permet d’éviter les procédures complexes d’entoilage et de contrôler directement depuis l’intérieur du moulin l’activation de la rotation des pales. Le moulin de Courrian a été totalement restauré en 1981 et reste un rare témoin de cette avancée technologique du XIXe siècle.
Moulin de Courrian par Ma Vie en Gazelle
Un patrimoine en grande partie disparu
Des 816 moulins comptés en 1809, il n’en reste qu’une poignée encore fonctionnels et nombre ont disparu dans un triste anonymat. D’autres trônent encore comme des tours médiévales au milieu du paysage ou sont devenus de beaux abris pour la végétation. En 1993, un programme de sauvegarde a été lancé. Il y a aujourd’hui sept moulins visitables ou non qui ont retrouvé leur état de fonctionnement.
Dans le Médoc, les moulins de Vensac et de Blaignan sont les seuls à être encore dans leur configuration d’origine. Le moulin de Vensac produit encore de la farine sans pouvoir la commercialiser (règlementation). D’autres ont été plus ou moins restaurés mais on souvent changé de destination comme à Carcans (Moulin de la Motte) ou près de l’Abbaye de l’Isle. Dans le Blayais, le Moulin du Grand Puy à Lansac reste l’une des plus beaux moulins encore en état en Gironde. Non loin de là à Périssac, on retrouve un autre ouvrage, le Moulin des Grandes Vignes.
Entre le Libournais et l’Entre-deux-Mer, de nombreux moulins marquent le paysage, comme les Moulins de Laroque (près de Saint-Emilion), mais le seul encore en fonctionnement est le Moulin de Calon à Montagne. Le Moulin de Haut-Benauge à Gornac et le Moulin de Cussol à Verdelais clôturent cet inventaire des moulins complets. A Cabarnac, il ne manque que les ailes au Moulin de Ballan pour faire belle figure dans le paysage.