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Lignes de Quelern

Sujets de l'article : Presqu'île de Crozon , Roscanvel

Sur l’ensemble de la presqu’île de Crozon et plus encore sur celle de Roscanvel, les lignes de Quelern constituent l’un des points les plus intéressant des fortifications élaborées pour protéger l’arsenal de Brest dès le XVIIe siècle. Aujourd’hui peu préservées et dans le périmètre du Ministères des Armées, elles sont difficiles à découvrir.

Quand vous empruntez la RD 355 en provenance de Crozon, vous passer souvent sans le savoir à travers une ligne de fortification qui restera intacte jusqu’à la seconde guerre mondiale et l’élargissement de la zone de passage par les allemands (1944). Ce qui en fait un ouvrage rare, c’est sa situation en dehors de toute agglomération. Sur près d’un kilomètre, s’étendent fortins et murailles dont l’objectif était de cadenasser la presqu’île de Roscanvel. Le rare point de vue se situe à cet endroit de la ligne, les autres éléments étant noyés sous la végétation et plus visibles depuis l’extérieur.

Genèse de l’ouvrage

L’occupation de presqu’île par les Espagnols de son extrémité nord (qui en gardera le nom) en 1594 permet de prendre conscience de l’intérêt stratégique d’étendre la protection de l’arsenal à toute la rade de Brest. Il faudra cependant attendre les premiers travaux demandés par Vauban en 1689 pour disposer d’une première ligne de fortification barrant l’isthme de part en part. Cette fortification ne demande que peu de moyen en hommes qui assurer une défense efficace. Composée de fossés (profond de plus de 7m, large de 3m90 et creusé dans le roc) et de levées de terre, il apparaitra insuffisante à l’architecte militaire. De part et d’autre deux batteries doivent  croiser le feu. Vauban estimant ce dispositif insuffisant, demande la construction d’un réduit bastionné en 1694 qui ne sera jamais achevé faute de financement.

Le débarquement des anglo-hollandais le 18 juin 1694, au sud-ouest de cette ligne de défense sommaire, va confirmer que la capacité de défense reste dérisoire. Pour autant, les travaux cessent et plus rien ne sera entrepris jusqu’en 1770.

Construction des Lignes de Quelern

La menace d’un débarquement de forces adverse est jugé plus probable d’une attaque par la mer. En 1776, un programme général de fortification et de défense de la rade de Brest est élaboré par le lieutenant-général De Langeron. Forts et redoute sont construit à chaque point stratégique. Abandonnées par l’armée et en partie pillées par la population, la ligne de défense construite en travers de l’isthme est inutilisable et une partie a déjà été rasée.

Orillon de l’étang de Pen-Ar-Poul et implantation allemande de 1943

Les travaux vont débuter pendant l’été 1777. Le projet prévoit de façon optimiste deux ans de travaux. Mais les relations entre le concepteur le Marquis de Langeron et les ingénieurs du génie vont compliquer le chantier. Les plans vont être modifiés en profondeur par des ingénieurs du génie sans son accord. Mais c’est sur le terrain que les plus grandes difficultés sont rencontrées. la nature du sol est problématique, une partie de la ligne est mouillée dans la mer. Bref, ils s’achèveront en 1784 avec un coût final trois fois plus important que prévu malgré  l’utilisation d’une main d’oeuvre militaire économique  pour les basses tâches.

Architecture et fonctionnement

Le nouveau projet va reprendre des améliorations que Vauban avait remonté. Sur près de 1200 mètres, on va retrouver une suite d’ouvrage et de bastions qui assurent mutuellement leur protection. Il prend place devant les premières fortifications du XVIIe siècle en partie détruites. L’ensemble est imposant avec deux bastions et deux demi-bastions. Une batterie de mortiers prend place dans l’un deux en face  de l’anse de Camaret juste derrière une batterie de côte qui croise son tir avec la tour de Camaret. A l’est une anse s’avance dans l’étang de Pen-ar-Poul, et protège ce flanc grâce à corps de garde et un parapet.

Porte de Camaret aujourd’hui

Elle permet d’assurer l’herméticité de la presqu’île de Roscanvel. Seul deux accès très protégés permettent de traverser les lignes. Le premier dans le bastion central fait office de porte principale. Le second accès s’effectue au niveau de l’étang par une poterne.

L’intendance est assurée par plusieurs magasins à poudre (jusqu’à 17 tonnes), des puits, réserves et casernements. La garnison en temps de mobilisation est de 1200 hommes d’arme renforcés par les hommes de presqu’île de Crozon. En temps de guerre, l’effectif peut être porté à un peu moins de 4000 hommes. Seules 21 pièces d’artilleries équipent la fortification. Comme c’est de rigueur dans les fortifications françaises, en temps de paix, le personnel est réduit à quelques gardiens.

Extrémité ouest de la Ligne vue de la Tour de Camaret

A l’époque, on estime qu’il fallait plus de 10000 hommes pour que la ligne soit prise par un assaillant.

A partir du XIXe siècle

L’adaptation à l’évolution de l’artillerie est relativement limitée. En 1854, le réduit de la première ligne du XVIIe siècle est achevé. Si une nouvelle batterie est installée pour protéger l’anse de Camaret, les lignes sont négligées et progressivement remplacées par une ligne de forts Serre de Rivières (Crozon, Landaoudec, Lanveoc).

L’implantation allemande pendant la seconde guerre mondiale est limitée. Quelques casemates sont installées à chaque extrémité de la ligne et des batteries Flak sont installées. La porte de Camaret  est agrandie avant qu’elle soit bombardée par l’armée américaine au moment de la libération (18 septembre 1944) puis détruite lors de cet assaut. Cette brèche permettra aux alliés de prendre pied sur la presqu’île de Roscanvel. Après guerre, l’armée française investit les lieux. Cela reste encore aujourd’hui un terrain militaire interdit d’accès.

Documentation

« Les lignes de Quelern XVIIe-XXe siècles », Avel Gornog n°13, juillet 2005

« Le Fort de Quelern », Avel Gornog n°28, 2019

Auteur de l’article : La rédaction

1 commentaire sur “Lignes de Quelern

    […] le Mur de l’Atlantique. Les Forts de Cornouailles,  des Capucins ou de la Fraternité, les lignes de Quelern, la Batterie de Kerbonn ou du Cap de la Chèvre sont quelques uns de ces témoignages de […]

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