Le Reich qu’Adolf Hitler voulait millénaire n’avait pas édicté que des principes basés sur la « pureté de la race ». Le projet du Reich incluait également une refonte complète de la société, de son fonctionnement et de son efficacité. Le projet incluait la construction de cité ouvrières idéales, et notamment une trentaine de cités paysannes, comme celle de Marckolsheim dans un objectif de germanisation des pays occupés.
Lors de l’invasion allemande de 1939, la proximité de la Ligne Maginot conduit à l’évacuation des populations du front de l’est de la France. Les habitants de Marckolsheim sont évacués en Dordogne et les habitations sont occupées par des unités de l’armée française. Marckolsheim se situe sur une route stratégique menant à Colmar. Lors de la poussée allemande, la commune sera détruite à 60% par les bombardements adverses.
Après l’armistice, l’Etat Français organise le retour des populations dès le 6 août 1940. Les premiers habitants sont de retour en Alsace et investissent des baraquements en bois construit par le Service du travail obligatoire. On y retrouve les services publics mais aussi l’artisanat local (coiffeur, …).
Dès 1933, l’Allemagne avait élaboré un programme de reconstruction dit de l' »Ordre Nouveau » mettant en oeuvre une réorganisation sociale et une mise en forme architecturale spécifique. Il devait permettre de développer l’agriculture en Allemagne et dans les territoires conquis. Cela s’accompagnait d’un cérémonial et d’une vaste propagande. Le village de Marckolsheim, au titre des dommages de guerres, est retenu pour faire partie de ce programme. La cité paysanne de Marckolsheil est inaugurée le 29 juin 1940 par la pose de la première pierre par Robert Wagner, chef de la région Alsace-Bade.
Une stèle commémorative sera installée devant la ferme MI-6 dans laquelle était glissé un parchemin scellé.
Bâtiments de la cité paysanne – Fond de carte Google Maps
L’ensemble de la surface à reconstruire a été rasé en 1940 par les allemands et ce n’est qu’à partir de 1941, que la cité paysanne voit réellement le jour. A l’image des constructions du Mur de l’Atlantique, les constructions sont standardisées et les plans sont faits à l’avance. L’objectif est d’optimiser et d’améliorer le rendement agricole. On retrouve ainsi plusieurs types de constructions qui permettent aussi d’établir une hiérarchie dans la cité.
- Mittlere Landwirt (ML) : exploitations de taille moyenne adaptées à la culture d’une surface d’environ 10 ha. Conçues suivant un plan en L avec une entrée sur cour. Elles sont très proches des Erbhöfe. Elle sont souvent en location et confier à de simples exploitants agricoles.
- Arbeiter Wohnhäuser (AOLZ) : ces habitations n’ont pas de vocation à proprement dite agricole et sont prévues pour loger le personnel agricole. Elles sont équipées d’une dépendance permettant à leurs habitants de faire une culture de complément.
- Erbhöfe (EB) : conçues sur un plan en L, elles sont considérées comme de véritables fermes avec des dépendances (porcherie et grange) en plus du logis. Elles sont prévues pour l’exploitation d’environ 18ha et 15 têtes de bétail. Elles sont associées à un fermage héréditaire, plaçant les occupants en haut de l’échelle sociale de la Cité paysanne.
La construction sera dirigée par la firme allemande Hans Tempel avec de la main d’oeuvre locale, des prisonniers ou des ouvriers du STO.
L’ensemble fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques depuis le 24 octobre 2012. Le programme de classement comprend les dix bâtiments agricoles et quatre habitations qui subsistent et les aménagements urbains attenant.
Bibliographie :
Flyer d’information de la cité paysanne de Marckolsheim, Office de Tourisme de Marckolsheim
Notice PA67000089 de la Base Mérimée