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Mine de la Rodde (Plateau d’Ally)

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Le canton de Lavoûte-Chilhac est une zone d’exploitation minière importante depuis l’Antiquité. Près de 800 zones d’exploitation sont répertoriées dont la mine de la Rodde sur le plateau d’Ally. La mine de la Rodde permettait d’exploiter un filon d’antimoine argentifère. Cette mine est aujourd’hui une zone muséographique.

Présentation

Accessible par un chemin depuis le hameau de Montrome, la mine de la Rodde est un site d’exploitation ancien dont les premières exploitations remontent à l’occupation romaine. Le nom de Montrome signifie « mont des romains » et est l’un des éléments qui confirme la présence romaine dans le secteur.

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Hameau de Montrome

Sur le secteur Brioude-Massiac (600km2) on trouve 240 filons et 30 furent exploités. Il est le plus important en France pour l’Antimoine. Rien que sur le secteur d’Ally on retrouvait six mines : Vernines, Le Monteil, Le Valadou, La Licoulne, Freycenet et la Rodde. Des découvertes faites sous le village d’Ally, attestent de la construction de galeries au XIIIe siècle.

L’Antimoine en France

La France fut ainsi le premier producteur mondial d’antimoine entre 1890 et 1910 grâce à la production de la Compagnie des mines de La Lucette, propriétaire de gisements en Mayenne, près de Laval, et des mines d’antimoine d’Auvergne.

Entre 1780 et 1810, les principaux filons sont identifiés grâce aux prospections des géologues en région. Dès 1850, l’intérêt pour l’antimoine se développa avec l’essor de l’industrie mécanique. Avec notamment la « Société Brioude-Auvergne » installée à Brioude, les mines françaises permirent à l’hexagone d’être le premier producteur mondial d’antimoine entre 1890 et 1910. L’époque dorée dura environ soixante ans. L’exploitation connut un coup de frein avec la crise de 1929 et cessa en grande partie à partir de 1953. En Auvergne, l’activité cessa définitivement en 1971.

L’essor d’extraction de l’antimoine n’aurait put se faire sans l’invention d’Emmanuel Chatillon du procédé de traitement de l’antimoine par « grillage volatilisant ».

Histoire

Le site de la mine de Rodde a été exploité a des périodes successives. Mais après la période antique, il faut attendre le XVIIe siècle pour noter une reprise de l’exploitation.
La minéralogiste Martine de Bertereau, baronne de Beausoleil et d’Auffembach, fait un inventaire des mines de France en 1640 dans son ouvrage « la restitution de pluton » et note la présence de mine d’Antimoine près Langeat et Brioude ainsi que la présence de matériel d’extraction.

Si l’Antimoine est exploité à Montrome dans la moitié du XVIIIe siècle (on parle de 1760), son extraction sous terre n’est pas assurée et selon les archéologues, il est probable que ce sont des affleurements qui furent grattés (filon Saint-Thomas).

En 1885, le filon Saint-Paul est (re)découvert par des prospecteurs de la concession de Freycenet située à proximité, intrigués par des amas de scories. Sur le site minier, ils mettent au jour d’anciennes zones de prospection, et répertorient plusieurs filons verticaux. Le plus long (1400m) est celui de la Mine de la Rodde, orienté Est-Ouest. Ce filon est aussi appelé « filon des Romains ».

A la suite de nombreux prélèvements, la concession ré-ouvre. Trois sociétés se succèdent, exploitation Houlder en 1882, exploitation Burthe en 1892 et exploitation Bontoux en 1900. Durant cette phase, le creusement atteindra 170m sous le niveau du sol evec en particulier un développement vers l’Ouest. Dans ce début du XXe siècle, l’antimoine est un minerai qui se vend mal et qui va rendre l’exploitation de la mine peu viable économiquement. L’exploitation cesse en 1905.

Faute d’entretien, les galeries de la mine sont progressivement envahies par les eaux. En 1907, les travaux sont entrepris pour vider l’eau de la mine en vue d’une nouvelle exploitation. Près de 200 personnes participent à ce chantier. Au final après plusieurs éboulements, c’est un constat d’échec qui est fait. L’exploitation de la mine est définitivement abandonnée.

Entre 1942 et 1948, la concession de Freycenet-la Rodde est reprise par la Sté AllyMines (SARL) sans que l’exploitation du filon ne soit reprise.

Propriété de la commune d’Ally, la mine fait l’objet de travaux de réhabilitation entre 1988 et 1998. La commune souhaite ainsi sauvegarder son patrimoine industriel et faire de la mine en site ouvert au public.

Des travaux très importants sont menés après des études conduites entre 1989 et 1990. On ont permis d’effectuer un vaste inventaire sur le terrain, un positionnement cadastral et en établir des plans. Il fut établi que les galeries étaient comblées aux trois quarts sans qu’il soit possible de déterminer si c’était volontaire ou non. Compte tenu de la configuration de la mine, le déblaiement s’effectua manuellement par Mr VIALARON, archéologue minier. La mine fut sécurisée en 2013 et 2014 par une société spécialisée (Hydrokarst) et les dernières excavations furent réalisées par de nombreux bénévoles.

Aujourd’hui la mine est ouverte au public et accessible en visite guidée.

La Mine

Au XIXe siècle, lors de la redécouverte, des inscription auraient été découvertes et associées au 4ème siècle. Au delà des inscriptions la configuration de la mine est conforme aux sites d’exploitation d’origine antique. Aérées par des cheminées d’aération creusées à même le roc, elles sont très étroites et en forme de colimaçon.

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Une galerie horizontale (travers-banc) longue de 53m permet  d’accéder aux trois colonnes minéralisées. Le filon est à certains endroits large de quelques centimètres et à d’autres de près de 80cm. L’origine de l’exploitation de la mine provient probablement du fait que ces bancs étaient affleurants à la surface.

Dès l’époque gallo-romaine, les colonnes se sont enfoncées très profondément jusqu’à environ 120m. Le sol très humide nécessitait un drainage permanent et un étayage très solide. Les travers-banc permettaient d’assurer un meilleur écoulement des eaux de ruissellement. Compte tenu de la complexité de l’exploitation, la mine devait nécessiter beaucoup de main d’oeuvre exploitée dans des conditions de travail proche de l’esclavage.

Lors des prospections du XIXe siècle de nombreux vestiges antiques furent mis au jour, tels que des pics, des lampes en terre cuite, des pointerolles, ainsi que du matériel plus volumineux tels que traverses de 10m de long; des poulies ou baquets en bois. La majorité de ces vestiges n’ont cependant pu être préservés .

Bâtiments et exploitation au XIXe siècke

Les vestiges des bâtiments visibles datent pour la plupart du XIXème siècle. Ils sont aujourd’hui gagnés par la végétation. Les infrastructures mine de la Rodde n’étaient conçues que pour l’extraction, le concassage, le tri et le lavage.

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Le minerai était ensuite envoyé à une fonderie de Langeac pour son traitement. Les bâtiments comportaient une suite de trommel et machines de tri qui permettait de séparer le minerai par granulométrie. La chaîne de machinerie permettait d’extraire le minerai le plus dense, le reste étant stocké à l’extérieur sur le site. Il subsiste encore aujourd’hui plusieurs amoncellements de résidus (ou haldes).

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Sur le parking actuel, on retrouve l’emplacement des haldes  laissées par l’exploitation Bontoux. Remarquez aussi les canalisation derrière le chalet de l’accueil de la mine qui servaient à canaliser le ruisseau vers les installations de tri.

La visite

La mine de la Rodde est une aventure intéressante pour grands et petits. Elle permet de découvrir l’envers du décor d’une activité industrielle qui existe depuis que les premiers hommes se sont enfoncés sous terre.

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La visite vous permet de marcher sur les pas des mineurs du XIXe siècle dans un site totalement sécurisé mais qui présente toujours l’exiguïté de ses accès. Le filon qui est exploité depuis l’époque romaine permettait d’extraire de l’antimoine et du plomb argentifère.

Le parcours suis un ensemble de galeries sur 200m sur deux niveaux séparés par des échelles. Après cette visite vous pourrez apprécier la rudesse de l’exploitation minière.

La visite dure 1h environ. Vous serez équipés de casques et d’imperméables prêtés pour la visite.

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Auteur de l’article : La rédaction

1 commentaire sur “Mine de la Rodde (Plateau d’Ally)

    Les moulins d’Ally : C'est En France

    (10 Nov ’16 - 15 h 49 min)

    […] Sur le périmètre d’Ally on a compté au XIXe siècle jusqu’à dix moulins à vent et sept moulins à eau, la proportion étant souvent inverse dans d’autres régions. Cette particularité est due au vent omniprésent sur le plateau d’Ally alors que dans un même temps, les cours d’eau sont petits ou de faible débit. Le plateau accueillait d’autres activités comme de la prospection minière et notamment à la Mine de la Rodde. […]

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