La Base sous-marine de Bordeaux, vestige de l’occupation allemande, est l’un des symboles actuel des bassins à flot de la rive gauche de la Garonne. L’histoire de ce haut lieu de la construction maritime à Bordeaux débute en 1869. Il conserve encore aujourd’hui quelques témoignages de son histoire passée dont ses formes de radoub dédiées à la construction et la réparation maritime. Ce quartier est aujourd’hui en forte évolution avec le développement de zones d’habitation et la construction en 2016 de la Cité du Vin.
Le périmètre des bassins à flot a gardé jusqu’à aujourd’hui son aspect brut et industriel. Même si aujourd’hui, il n’a plus la dimension qu’il a vu avoir au début du XXe siècle, il témoigne d’une histoire maritime bien ancrée à Bordeaux.
Base sous-marine
La base sous-marine est depuis la seconde guerre mondiale vissée comme un bloc inamovible dans ce périmètre et rappelle des heures sombres de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui c’est un lieu qui reprend vie avec de nombreuses expositions temporaires. De l’autre côté du bassin, près de l’écluse, la cité du vin redonne de l’ampleur à un quartier longtemps oublié.
La hausse du trafic maritime et le développement de la construction maritime a fait naitre l’idée en 1830 de la construction de bassins à flots. Ce type de bassin avait pour grand avantage de permettre la construction d’une hauteur de quai limitée par rapport à ce qui aurait été nécessaire en bord de Garonne. Facilitant les opérations de chargement et de déchargement en absence de mouvement de marée et les opérations de levage pour la maintenance des navires, les bassins permettaient l’accueil plus facile des navires désarmés.
Il faut toutefois attendre 1866 et la saturation du port de la lune qui accueillera cette année là 229 navires pour voir le projet se concrétiser.
Construction du premier bassin
La construction du premier bassin à flot débute en 1869. Sa construction va durer dix ans 1879.
Les travaux sont titanesques et nécessitent l’évacuation de 1 millions de mètres cubes. Ces remblaient furent en partie utilisés pour combler la partie du fleuve en aval des écluses sur plusieurs centaines de mètres pour gagner du terrain sur le fleuve. Dès lors les magasins aux vivres de la marine et la place Victor Raulin furent repoussés à cent mètres environ de l’eau.
Cette nouvelle occupation de l’espace va provoquer un développement des chantiers navals et la construction d’un bassin de radoub débute en 1873. Terminée en 1876 et mise en service en 1885, elle permet de recevoir les plus grands transatlantiques de l’époque (157 x 20 m).
Un port qui arrive à saturation
Le port de Bordeaux vit en ce début du XXe siècle son heure de gloire. Entre 1904 et 1913, le trafic augmente de 77% principalement grâce au transport du charbon (50%), des produits chimiques et de minerais. La première guerre mondiale va encore accroitre le mouvement, Bordeaux étant l’un des rares ports loin du conflit. Un parle alors d’un vaste projet d’extension des bassins à flot mais qui ne verra jamais le jour. Il prévoyait la construction d’un canal parallèle à la Garonne d’une longueur de 5,3 km qui aurait permis aux grands navires ne pouvant passer l’écluse d’atteindre les bassins à flot qui aurait été agrandis avec une dizaine de bassins.
En 1906 débute la construction du bassin numéro 2 à côté du bassin d’alimentation. Terminé en 1911, il est mis en service en 1912 en même temps que le pont du pertuis. Alors en cours d’extension, les bassins à flot feront l’objet d’un projet de création d’un nouvel accès par la partie aval du fleuve. Dans le projet un canal parallèle aboutissait à proximité du Château Grattequina à Blanquefort jusqu’à une écluse en eau profonde. Ce projet ne verra pas le jour son coût étant exorbitant.
Après des années d’exploitation commerciale, les bassins à flot deviennent une base d’accueil des flottes sous-marines italiennes et allemandes en 1940. Les premiers sous-marins italiens (30) y arrivent en septembre 1940.
De septembre 1941 à octobre 1942, l’organisation Todt dirige la construction de la Base sous-marine de Bordeaux. Le 17 mai 1943, les écluses sont détruites par un bombardement allié. Les bassins se vident ce qui cause la destruction du quai sud. Pour éviter cela, les allemands construisent à partir de juillet 1943, une écluse parallèle couverte. Elle ne sera jamais achevée. En 1947, elle est détruite.
Jusqu’en 1981, les bassins seront affectés à l’accueil des navires marchands et de pèche même si une baisse d’activité sensible se fait sentir à la fin des années 70. La modification de la règlementation de la pêche à Terre-neuve mettra fin à l’activité de pêche. Désormais l’ensemble des installations sont transférée à Bassens en aval.
A partir de cette époque, les bassins sont affectés à la plaisance mais le peu de projets dans le secteur de Bacalan ne favorisent pas le développement de ces activités. Et la construction du Tramway ne va pas arranger les choses. Le remplacement du pont du pertuis par un nouveau pont tournant réduit la largeur d’accès de 25 à 7,5 mètres limitant d’autant l’activité portuaire des bassins à flot.
Aujourd’hui de nouveaux projets voient le jour. Restaurants, lieux d’exposition et de spectacles sont désormais le principal centre d’activité du lieu. Mais de profonds changements en matière d’urbanisme pourraient totalement transformer le quartier dans les prochaines années.
Grandes dates
- 1869-1879 : construction du premier bassin à flot
- 1873-1876 : construction de la première forme de radoub*
- 1906-1911 : construction du bassin à flot n°2
- 1906 : construction de la seconde forme de radoub*
- 1911-1912 : mise en service du pont tournant du pertuis*
- Septembre 1941-1943 : construction de la base sous-marine
- 17 mai 1943 : bombardement américain au-dessus de la base
- Juillet 1943 : construction de l’écluse couverte
- 1947 : destruction de l’écluse couverte
- 1981 : affectation du bassin n°2 à l’accueil des navires de plaisance
- 1982 : déclassement des bassins à flot
- 1997 : le pont du pertuis* interdit à la circulation automobile
- 2003 : étude de réaménagement des bassins par l’architecte Antoine Grumbach
- 2004 : les écluses, menacées, sont sauvées
- 2006-2007 : à son tour, le pont du pertuis* est menacé de destruction
- 23 juillet 2007 : Mise en service de la station de tramway «Bassins à Flot».
- 26 décembre 2007-janvier 2008 : destruction du Pont du pertuis.
- Décembre 2008 : Un nouveau pont levant est mis en service avec pour conséquence majeure la réduction du pertuis de 25 m à 7,80 m.
Caractéristiques techniques
- Surface totale des plans d’eau des deux bassins : 20 ha
- Longueur de quai du bassin n°1 : 1120 m
- Longueur de quai du bassin n°2 : 960 m
- Première forme de radoub* : 157 x 18 m
- Seconde forme de radoub* : 106 x 14,50 m
- Grande écluse : 152 x 22 m
- Petite écluse : 136 x 14 m
- Pont du pertuis : pertuis de 26 m, longueur du pont : 51,625 m, largeur : 10,60 m, poids : 410 t, lest : 145 t
4 commentaires sur “Les bassins à flot de Bordeaux”
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