Avec l’érosion du littoral et le recul désormais permanent du trait de côté du littoral girondin et notamment de la côte d’Argent (entre Le Verdon et Lège-Cap-Ferret) et sur la pointe du Cap Ferret, de nombreux vestiges de notre histoire passée disparaissent (Le Mur de l’Atlantique notamment) et d’autres apparaissent. Les paléosols font partie de ces témoignages très fragiles qui apparaissent régulièrement au gré des marées et du déplacement du cordon dunaire.
article du 8 mai 2016, actualisé en août 2020.
Paléosol au nord de Montalivet. Source DRA – mavieengazelle.fr
A la sortie du tertiaire avec la fonte de la calotte glaciaire puis l’affaissement du sol d’environ 15m ont conduit à redessiner le profil de la côté aquitaine. Au Mésolithique (-6000 ans av JC), la mer de site bien plus à l’Ouest mais sans qu’il soit possible de façon précise de déterminer à quelle distance de la côte actuelle. Avec la fonte massive des calottes des Pyrénées a déversée des millions de tonnes d’alluvions, de rochers, gravier et sable sur la pleine du Médoc qui ont recouvert le plateau calcaire qu’on retrouve encore en affleurement dans certaines parties du Médoc (à Couquèques notamment). Les rives du fleuve se modifient également et les plaines sont envahies progressivement par les eaux créant des zones de marais. La pointe du Médoc n’est pas encore créée et l’île de Cordouan est encore raccordée à la terre ferme.
A l’âge du bronze, les premières dunes, dites « dunes anciennes » se forme sous l’action du vent. Elles ne sont pas continues et sont séparées par les deltats des estuaires. A certaines de ces embouchures s’établissent à l’Antiquité de petits ports qui permettent le développement du commerce. Selon les différentes recherches, il y aurait eu un port de commerce romain vers Soulac, à une époque où la côte s’établit des centaines de mètres au large. Des zones marécageuses et une lande longent la côte et sont présents autour de ces deltas.
Les tremblements de terre de 580 seront les premiers coup de semonce d’un recul sensible du trait de côte. Il a accéléré l’enfoncement du plateau calcaire et a entraîné la remontée du rivage sous l’action des courants marins. Le phénomène dunaire reprend très fortement. Des forêts couvrent ces dunes.
Au Moyen-Age, le cordon dunaire n’est pas encore totalement formé mais progressivement les deltas vont se fermer et les étangs vont se développer, l’eau ne pouvant plus s’écouler autrement que par capilarité. Certains lieux d’habitation (comme Saint-Hélène de l’Etang près d’Hourtin) et des portions de végétation vont être submergés et disparaître progressivement.
Mais si ce phénomène est largement répandu sur la planête, la sédimentation générant des couches successives de sol historiques. Sur les côtes de Gironde, c’est l’avancée de la côte, et les mouvements des dunes qui permettent d’avoir une vision parfois spectaculaire de ces couches successives.
Les paléosols
Les paléosols permettent de restituer et d’étudier les évolutions du littoral et la succession des occupations de la végétation, de la faune et humaines. Sur le littoral girondin, c’est la dune du Pyla qui fait l’objet le plus d’études par l’intermédiaire du Conservatoire du Littoral et par l’Observatoire de la Côte Aquitaine.
Coupe de la Dune du Pyla, source « Mise en Place du suivide l’évolution récente de la Grande Dune du Pilat »
Le premier Paléosol visible sur la côte girondine, se situe aux alentours de 1600 av JC et les premières occupations humaines sont découvertes dans des couches comprises entre +2 et +5m de la base de la dune du Pyla.
Les profondes modifications du trait de côté et l’occurrence de très forts coefficients de marée favorisent la redécouverte de paléosols et c’est d’autant plus vrai depuis l’accélération constatée depuis la tempête Xinthia.
Dans ces paléosols, on retrouvera à Hourtin et à Montalivet des traces préhistoriques aujourd’hui englouties par la mer. Le « spot » du Gurp a été particulièrement étudié dans les années 1970 et a fait l’objet de plusieurs ouvrages. Il est l’un des plus remarquables. C’est ce type de paléosol qu’on retrouve entre Hourtin et Montalivet.
Attention : Le cordon dunaire est très fragile et il est important de rester à distance et de ne pas tenter de prélever, de monter ou d’arracher ces sols de la dune ou de la plage.
Où voir des Paléosols ?
Il n’y a pas forcément besoin de prendre sa pelle et sa pioche pour aller à la découverte de notre passé. Il faut un oeil aiguisé et savoir distinguer de ce qui n’est qu’un dépôt de vase ou d’hydrocarbures. Les paléosols sont visibles en bordure de dune, sur la plage et sur le flanc de la dune. De façon générale, depuis près le début du XXIe siècle, la majorité des débris gris et tourbeux proviennent de ces couches « historiques ». On constate en effet depuis de nombreuses années très peu de dépôts d’hydrocarbures pouvant être confondus.
Les zones où il est possible de voir des vestiges les plus remarquables en Gironde, se situent à la Dune du Pyla, mais aussi entre Lège-Cap-Ferret et Montalivet. Dans les plages nord de Montalivet et au Pin Sec on peut facilement voir ces sols à la base de la dune de laquelle s’écoule sur les deux sites de l’eau douce qui ruisselle sur ces couches anciennes. En 2020, suite à l’érosion de l’hiver de la même année des couches importantes ont été dégagées. Au lieu dit Lède de Frayes (entre Montalivet et le Pin Sec), une couche de plus d’un mettre était dégagée à la base de la dune.
Attention
Le cordon dunaire est très fragile et il est important de rester à distance et de ne pas tenter de prélever, de monter ou d’arracher ces sols de la dune ou de la plage.
A quoi reconnait-on un Paléosol?
En fonction de son époque de formation le Paléosol se situe sur la plage ou à la base des dunes pour les plus anciens :
Paléosols sur le Plage d’Hourtin en mai 2016
Avant la formation des dunes littorales, le Médoc était composé de zones marécageuses. Les traces qui réapparaissent sont bien celles de fonds de marécages ou d’une végétation de faible hauteur. Dans les années 1980, certaines fortes marées avaient permis de voir des troncs d’arbre fossilisés qu’il n’est aujourd’hui plus possible de voir même lors de fortes marées basses.
En fonction des sites et de l’érosion, on peut retrouver d’autres formes de paléosols comme à proximité de l’écoulement de la source du Pin Sec. En Mai 2016, la couche est clairement démarquée du niveau de la plage.
Toujours a proximité du Pin-Sec en direction du Sud, on retrouve une autre couche plus récente.
2 commentaires sur “Paléosols du Littoral girondin”
Dune du Pyla : C'est En France
(10 Mai ’16 - 9 h 44 min)[…] dune est un lieu privilégié pour étudier les paléosols du littoral girondin qui permettent un parcours au travers les âges entre 1650 avant J.C et le XIXe siècle. Ils […]
De la dune coule de l’eau douce – Ma Vie en Gazelle
(5 Sep ’19 - 8 h 41 min)[…] Paléosols du Littoral girondin – cestefrance.fr – http://www.cestenfrance.fr/paleosols-du-littoral-girondin/ […]
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