La dentelle du Puy est une dentelle originaire de la ville du Puy en Velay. Elle est répertoriée dans l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel français.
Les origines de la dentelle ne sont pas déterminées et on associe souvent le Puy-en-Velay et berceau de la dentelle. Il existe cependant plusieurs hypothèses pour expliquer le développement de la dentelle dans le Velay :
- l’introduction par des voyageurs sur le chemin de Saint Jacques ou des marchands qui aurait enseigné les rudiments à la population locale
- l’implantation au XVIe siècle d’un dentelier (document Bibliothèque Municipale du Puy)
La dentelle se développe au début du XVIIe avec un usage généralisé sur tout type de vêtement ou accessoire. Le roi Louis XIII tente d’en réglementer l’usage (on en trouve même sur des meubles ou des carrosses) en formulant quatre édits successifs en 1629 et 1639. Le dernier interdit l’usage de la dentelle sur tout vêtement sous peine d’amande. On note à cette époque de nombreuses plaintes de dentellières du Puy.
L’institution des Béates (« Institut des Dames de l’Instruction ») est créé en 1665 par Anne-Marie Martel et de l’abbé Tronson. Cette institution a vocation à propager la religion et la technique de la dentelle dans le Velay. Les « Béates » s’installent dans chaque village dans une maison mise à disposition des villageois.sont envoyées dans chaque village. Elles ont des missions religieuses (assister le curé) et civiles (éducation, formation des dentellières, …). Autant les techniques s’en trouvent renforcées autant le commerce s’en retrouve compliqué les dentellières étant localisées dans un large territoire. Les leveurs se chargent de la collecte de la dentelle pour les négociants. Leur développement s’accompagne souvent d’une baisse de qualité (rapport entre le temps pour produire et la demande qui augmente) mais aussi de l’exploitation des dentellières qui ne peuvent fixer leur prix.
La situation à la fin du XVIIe siècle n’est pas reluisante. La dentelle du Puy a du mal à s’imposer faute de variété et de qualité. C’est une innovation au XVIIIe siècle qui va la relancer. Les fabricants invente une dentelle en soie naturelle (blonde) qui propose une plus grande finesse et qui est très légère.
La suspension de l’action de Béates lors de la révolution va freiner le développement de la dentelle. Certains historiens estiment qu’elle fut très proche de disparaître. L’activité reprend cependant et au début du XIXe siècle, elle bénéficie de nombreux prix lors d’expositions et favorise un nouvel essor de l’activité au Puy. L’Exposition Industrielle de Paris en 1802 distribua de nombreux prix aux dentelliers du Puy. L’innovation ne s’arrête pas et de nouvelles techniques sont inventées (la Guipure du Puy)
L’art Dentellier retrouve des lettres de noblesse grâce à Théodore Falcon (1823). L’école de dentelle des enfants pauvres de la ville est fondée en 1855. 100 jeunes filles encadrées par des Béates se forment aux techniques de la dentelle.
La dentelle atteint son pic de prospérité autour de 1850-60. Les maisons de haute couture se servent au Puy. 120.000 dentellières travaillent en Haute-Loire et dans les communes limitrophes vers 1870. La séparation de l’église et de l’état révolutionne une fois encore l’enseignement de la dentelle. Hippolyte Achard et Pierre Farigoule parviennent à faire enseigner la dentelle d’une section dentellière à l’école pratique du Puy (1903). Une loi sera votée pour l’institutionnaliser dans les départements connus pour leur dentelle.
Pendant la première guerre mondiale, la dentelle se mécanise. Le manque de main d’oeuvre y sera pour beaucoup. La conséquence sera dans les décennies qui suivent une perte de savoir faire. En 1942 est donc créé le Conservatoire de la Dentelle par Johannès Chaleye dont les objectifs sont d’assurer la formation de dentellières qualifiées et de réintroduire la dentelle à l’école primaire. Cet établissement se survivra pas à la mort de son créateur. Il ferme ses portes en 1960.
L’histoire reprendra en février 1974 quand Mick Fouriscot fonde le « Nouveau Conservatoire de la Dentelle du Puy ». Cette institution toujours présente aujourd’hui favorisera l’apprentissage de la dentelle, contribuera à sa découverte (expositions, revues, …).