Située dans une zone encore restée vierge, l’ancienne Abbaye Notre-Dame-de-Ré témoigne d’une importante implantation cistercienne sur l’Ile de Ré depuis le XIIe siècle. Les invasions anglaises et les guerres de religion eurent cependant raison de son rayonnement.
Située au bord de la route touristique du nord de l’Ile de ré (D735) à proximité du Fort de la Prée, l’Abbaye dévoile des vestiges qui laissent imaginer sa splendeur passée. L’Abbaye qui est le plus bel édifice religieux de l’île bénéficie de visites guidées organisées par le Musée du Platin.
Au XIIe siècle, l’île est possédée en grande partie par des congrégations religieuses. Elle est séparée en trois possessions, Ars, Loix et Ré. Les deux premières sont dans le giron de l’Abbaye Saint Michel en Herm. La troisième partie est sous la domination du duc d’Aquitaine, Guillaume X.
Mais ce dernier va céder ses droits féodaux sur Saint Marie en Ré à l’Abbaye de Sablonceaux en 1136. L’île est alors gérée en grande partie par des ordres religieux.
L’Abbaye aurait été fondée en 1156 par Isaac de l’Etoile et Jean, abbé de Trizay grâce aux dons d’Eble de Manléon, seigneur de Ré. Entre le XIIe et le XIIIe siècle, l’Abbaye profite de nombreux dons pur étendre ses possessions sur l’île. L’église romane se mue en un édifice gothique au XIIIe siècle. Elle sera transformée une nouvelle fois au XVe siècle.
La communauté va cependant être la proie d’attaques et invasions anglaises en 1292 et 1294 puis en 1462 pendant la guerre de cent ans. Comme le reste de l’île, l’abbaye sera la proie des flammes.
L’abbaye voit son rayonnement baisser jusqu’à attaques de 1574 par des Huguenots pendant les guerres de religion. Elle est totalement ruinée et laissée à l’abandon.
Lors de la construction du Fort de la Prée en 1625, les bâtiments écroulés servent de carrière de pierre pour la forteresse située à proximité. L’abbaye va faire le bonheur des carriers et des pilleurs à tout va. Rattachée à l’ordre des oratoriens en 1623, une chapelle Saint-Laurent sera installée au milieu des vestiges de l’abbatiale.
Saisie comme bien national et désaffectée en 1793, l’abbaye est rachetée par la commune de la Flotte en 1794. L’Abbaye est utilisée comme amer mais va se dégrader inexorablement faute d’un entretien constant.
Architecture et construction
Une enceinte monastique entourait l’ensemble des bâtiments. On retrouvait une abbatiale avec un cloitre le jouxtant et des bâtiments conventuels dans l’alignement dont l’accès se distribue par des galeries couvertes. L’abbaye se signale par ses nombreux carreaux et pavage décorées avec des thématiques florales et animales. Ils ne sont pas proposées au visiteur.
On retrouvera en 1860, chez un collectionneur de Niort, 253 carreaux de l’Abbaye fixés sur une cheminée monumentale. D’autres pièces de ce pavage sera retrouvé dans de nombreuses collection des deux-sèvres.
A partir de 1960 plusieurs campagnes de fouilles furent organisée et furent mis au jour un ensemble important de pavage sous les niveaux du sol actuel entre 1992 et 1998. Ces fouilles ont également permis d’établir des périodes de reconstruction et de réfection de l’Abbaye mais aussi d’incendie.
Aujourd’hui le site présente encore une partie de l’Abbatiale en élévation, la reconstitution d’un jardin médiéval. Une partie de l’abbaye est encore évoquée par des vestiges de fondation et quelques décors au sol. Le reste est en état de ruine ou enfoui.
Bibliographie
Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique…. T. 8 , de M. Pierre Larousse 1866-1877
Bulletin de la Société historique et scientifique des deux sèvres, 1918
Recherches archéologiques en saintonge, découverte de sols carrelés dans l’abbaye cistercienne des Chateliers, Maurice LAVERGNE et Eric NORMAND, 1998
1 commentaire sur “Abbaye Notre-Dame-de-Ré dite des Châteliers”
Fort de la Prée – C'est En France
(4 Jan ’19 - 10 h 15 min)[…] non loin de l’Abbaye des Chateliers, le Fort de la Prée garde dans ses entrailles de nombreuses pierres de l’enclos monastique […]