Construite sur l’île de l’Aber, cette batterie fait suite à de nombreux éléments défensifs construits sur cette île depuis l’époque protohistorique. Elle s’inscrit dans la réorganisation de la défense du littoral français entamée en 1840. Aujourd’hui, propriété du conservatoire du littoral, le site fait partie d’une zone protégée de 108ha.
L’île de l’Aber a retrouvé une vocation plus sauvage et le fort est resté dans son état du XIXe siècle peu affecté par les constructions du Mur de l’Atlantique et la Seconde Guerre mondiale. Il a été acquis par le conservatoire du littoral en 2001.
Défense de l’Anse de Morgat
Située au Sud du Goulet de Brest, l’Anse de Morgat constitue un site favorable au débarquement de troupes et à la prise de revers des fortifications de la presqu’île. Après 25 ans d’abandon, les fortifications sont remise au goût du jour pour s’adapter à l’évolution de l’artillerie, aux nouveaux bâtiments à vapeur et aux évolutions technologiques françaises (projectiles explosifs).
L’anse de Morgat est désormais défendue par quatre positions principales, les batteries du Kador, de Rulianec, de Postolonnec et de celle de l’Aber. Les trois dernières devaient au départ être construites suivant le même plan type. Sur l’île de l’Aber, on y construit une batterie permettant d’installer les pièces d’artillerie et un réduit prévu pour les hommes et l’intendance. La construction est menée sous la direction du capitaine Farjas entre 1861 et 1862. En 1880, elle doit faire partie d’un programme de reconversion des batteries de côte, mais aucune modification ne sera jamais effectuée.
Batterie de l’Aber
Sur l’emplacement de l’ancienne batterie du XVIIIe siècle est érigée un ensemble d’ouvrages prévus pour deux canons de 30 livres, deux mortiers de 32mm et un obusier de 22mm. Ils ont une portée, respectivement, de 3500m, 4000m et 2400m.
Ils constituent le coeur du dispositif mis en place sur l’île de l’Aber alors que dans l’inconscient collectif le réduit représente bel est bien l’image de la forteresse. La batterie repose sur des grandes relevées de terre dont l’épaisseur est d’un minimum de 6m et au final assez peu de maçonnerie si ce n’est pour les murs de soutènement et la partie interne du parapet. Cette structure permet d’absorber au mieux les tirs de projectiles explosifs.
Les batteries de la fin du XIXe siècle ont abandonné les embrasures et les tirs s’effectuent par dessus l’épaulement (à « barbette »). Cette technique apparue au XVIIIe siècle s’appuie sur l’utilisation de berceaux pivotant augmentant le champ de tir. L’affut du canon y coulisse et est orienté vers l’avant pour absorber le recul. Les berceaux permettent une installation et une remise plus facile des pièces. Militairement parlant, cette technique augmente la cadence de tir. Les mortiers reposent sur des madriers et ne sont pas mobiles. Toutes ces pièces ne sont pas installées de façon permanente et seulement en temps de guerre. Les supports restent eux fixés à demeure.
Le Réduit de type 1846 modifié
La garnison de la batterie est installée dans un corps de garde crénelé numéro 2. Il est une curiosité, puisqu’il s’agit du seul attesté ayant fait l’objet d’une adaptation carrée du plan type du corps de garde pour 40 hommes.
Le programme de fortifications de 1846 : La France a connu différentes période de construction défensive dont le premier opus principal fut lancé par Vauban. Il faut cependant attendre le programme de construction de 1811 de Napoléon pour voir une première tentative de standardisation. La circulaire suivante, de juillet 1846 du Ministère de la guerre prévoyait de revoir totalement la surveillance et la défense des côtes avec près de 300 sites à améliorer ou à construire et des nouveaux modèles type de construction.
L’adaptation s’effectue en supprimant une petite chambrée et en augmentant la largeur de la plus grande. L’autre adaptation tient au renforcement des murs permettant une meilleur résistante aux tirs d’artillerie légère. L’accès s’effectue par un pont-levis qui permet de traverser un fossé défensif.
Les réduits moins coûteux que les tours crénelées concentrent en un seul ouvrage la casernement , le stockage et la défense rapprochée. L’ensemble des murs sont percés de créneaux de fusillade pour la défense et la terrasse supérieure (accessible par un escalier), présente trois embrasures pour une couverture de l’arrière de la batterie à l’aide de canons légers. Des mâchicoulis assurent la couverture de la base des murs. Le réduit doit être un refuge ultime en cas d’assaut et y tenir. Les matériaux utilisés sont aussi choisis pour éviter projections sur impact. Point inhabituel, le réduit de l’Aber utilise de la dolérite, un matériaux local mais qui n’est pas réputé pour sa solidité. Le bitume est utilisé partout où une étanchéité doit être assurée (sol de la terrasse et du rdc
L’approvisionnement des pièces d’artilleries est effectuée dans un tiers environ du réduit à l’opposé de l’entrée. Toutes les mesures sont prises pour en assurer l’intégrité et éviter humidité et étincelles. Une aération permet d’assurer une ventilation optimale et un vide sanitaire un contact direct avec le sol. Le stockage est protégé par la partie supérieure du réduit. Un sas utilisé comme magasin d’artillerie isole les magasins à poudre du reste du réduit. Les servants de la batterie (5 par pièce) logent dans une chambrée située en centre du réduit. Afin d’en optimiser l’espace les lits sont supprimés et remplacés par des hamacs. Autour de l’entrée au retrouve à sa droite la cuisine accolée au magasin à vivres et à sa gauche les chambres du gardien et du chef de poste.
Vue de l’intérieur depuis la porte d’entrée
En temps de paix, le réduit est surveillé uniquement par le gardien et l’artillerie remisée dans le casernement.
La batterie est aujourd’hui librement accessible soit depuis le chemin du littoral (GR34) soit depuis Reguenez et un petit parking permettant de s’y stationner. On y accède par un chemin qui serpente au milieu de la végétation qui a repris ses droits.
On aboutit alors à une platebande au milieu de laquelle trône encore le réduit. Un panneau explicatif décrit d’une manière suffisante le site et permet de prendre ses repères. L’intérieur du réduit n’est cependant pas accessible.
Le fossé a été comblé au fil du temps et on peut encore voir en prenant un peu de recul vers la mer le pont qui permettait d’accéder au pont-levis. on peut encore distinguer les restes d’un escalier permettant d’accéder à la terrasse de tir. A l’ouest il subsiste la plateforme métallique d’un mortier. Avec un peu d’attention, les détails tombent progressivement sous les yeux.
Pour en savoir plus sur cet édifice et son histoire, sur les fortifications de la presqu’île de Crozon, vous pouvez consulter les ouvrages suivants :
Avel Gornog n°24 juillet 2015, p30-34 « La batterie de l’Aber »
Guide des Forts et fortification de la presqu’île de Crozon, Découvertes buissonnières, Les éditions buissonnières – juin 2016 – ISBN 978-2-84926-305-1
4 commentaires sur “Batterie de l’Aber (Presqu’île de Crozon)”
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