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Pharmacie des Carmes (Bordeaux)

Sujets de l'article : Bordeaux

La pharmacie des Carmes est probablement la plus ancienne officine encore en activité et qui a conservé son emplacement. Devenue Pharmacie en 1790, elle fut connue pour « L’Eau de Mélisse des Carmes », un remède dont la renommée dépassa le cercle régional. Modifiée au fil des ans, elle a conservé son allure générale avec ses deux vases sculptés en bas reliefs sur la façade.

La meilleure description de l’établissement et synthèse de son historique fut réalisée en 2005 par Frédéric RENOU dans le cadre de son doctorat en Pharmacie.

Cet établissement est intimement lié au Couvent des Petits Carmes. Il est au coeur d’une histoire incroyable, celle d’un moine apothicaire devenu pharmacien. Pierre Catinot, dont le nom religieux était Frère Placide de la Circoncision, fonda cet officine en 1791. Cette création coïncide avec la disparition du terme apothicaire au profit de celui de pharmacien. Non diplômé de pharmacie, il put malgré tout s’installer alors que la règlementation s’était largement durcie. Mais cette installation aurait été aussi été permise pour services rendus pour la collectivité alors qu’il était moine apothicaire. Cela lui permettait ainsi de rester à proximité de ses anciens patients au centre de la paroisse Saint-Christoly. Il put racheter une partie du matériel du couvent lors de la vente aux enchère de 1792, dont certaines pièces sont aujourd’hui dans différents musées. Pierre Catinot avait réussi à rassembler une vaste collection de pots de pharmacie.

Même si ce n’est pas l’objet de cet article, il faut savoir que si la pharmacie n’a pas bougé d’un mètre, la configuration des rues adjacente a été profondément remaniée depuis la fin du XVIIIe siècle. L’actuelle rue de Grassi se terminait devant la façade du Couvent des Petits Carmes. Détruit à la révolution, son emplacement est aujourd’hui occupé par l’Athénée Municipal et le Centre commercial Saint Christoly.

En 1805, Pierre Catinot est agé de 79 ans. Il cède la pharmacie à son assistant Bertrand Léon Magonty. Il décède le 5 septembre 1811 à 85 ans. Plusieurs pharmaciens vont se succéder et notamment Xavier Servantie (1846), puis son fils (1882) et René Guyot (1902), ce dernier étant connu pour ses nombreuses publications et ses participations dans de nombreuses organisations scientifiques.

Eau de Melisse des Carmes

Inventée en 1610 par le Père Damiens, cette substance médicinale était appréciée jusqu’à la cour du roi de France. Ses vertus digestives étaient reconnues. Elle fut en centre de nombreuses tractations entre les Carmes, le roi de France et les pharmaciens, déboutant en un premier brevet le 1er septembre 1780. Sur l’ensemble du territoire, elle fut commercialisée par une Société à vocation commerciale. Le dernier administrateur (1840) lui donnera son nom actuel « L’eau de Mélisse des Carmes Boyer ».

La lignée bordelaise semble avoir eu sa propre vie, peut-être parce que sa formule était légèrement différence. Quoi qu’il en soit la formule échoua dans les mains de Pierre Catinot qui l’associa à la Pharmacie des Carmes. L’Eau de Mélisse des Carmes fut commercialisée et distillée par cet établissement jusqu’au début du XXe siècle.

Architecture

Située au coin des rues Margaux et Castillon, la configuration de l’officine a changé au fil des siècles. Selon les archives, le premier établissement ne comportait qu’un rez-de-chaussée. Il comportant deux entrées situées de part et d’autre des vases sculptés, à la place des baies vitrées actuelles. Au niveau de l’entrée actuelle se trouvait une vitrine. L’élévation d’étages supplémentaires daterait de la fin du XIXe siècle, entre 1882 et 1902 et la modification de la configuration des entrées de 1950. Au XXe siècle, le plancher fut remonté au niveau de la rue, il fallait à l’origine descendre trois marches (cela permettait d’avoir plus de hauteur et de capacité de stockage).

Les deux sculptures de vase sont contemporaines  du fondateur et devaient avoir un décor polychrome qui a aujourd’hui disparu. On retrouvait une inscription « Eau des carmes » qui a été supprimée entre 1953 et 1962 par la pose de plaques de marbres.

A l’intérieur de l’officine, des modifications sont également intervenues au fil des années tant dans l’organisation spaciale des pièces que dans leurs décors. A noter la présence de boiseries d’origine dans la boutique. On y retrouve incrusté un baromètre datant du XVIIIe siècle et une horloge plus tardive.

Bibliographie

Historique de la Pharmacie des Carmes par Frédéric Renou, thèse universitaire, 2005. https://www.socpharmbordeaux.asso.fr/pdf/pdf-145/145-092-095.pdf

Auteur de l’article : La rédaction

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