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Ecluses à poisson de l’Ile de Ré

Sujets de l'article : Ile de Ré

Au XVe siècle, de grande pêcheries en pierre sèche s’étendent entre la Vendée et l’Aunis. Construites sous ordonnance de Colbert, elles sont encore régies par des règles particulières. Ce patrimoine témoigne encore aujourd’hui d’une activité florissante à cette époque sur l’Ile de Ré.

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Il est relativement difficile pour un non initié d’imaginer que  ces petits murets qui partent de la côte permettaient de développer une activité florissante. Sur l’île de Ré,  près de 140 pêcheries étaient en activité au XIXe siècle. Aujourd’hui seules 13 sont encore en activité et en vertu des derniers règlements maritimes (loi de juillet 1990 et décret de 2000), leur nombre ne pourra plus évoluer, leur construction étant désormais interdite.

L’ordonnance de Colbert définissait leur installation :

« Les parcs de pierre seront construits de pierres rangées en forme de demi-cercles, et élevés à la hauteur de quatre pieds ou plus, sans chaux, ciment, ni maçonnerie »

Description et fonctionnement

La vue aérienne de ces enclos montre une forme en fer à cheval. Ses écluses sont utilisées à la fois comme piège à poisson mais aussi comme brise-lame, protégeant le littoral de l’érosion marine. A marée basse, l’eau est concentrée via des bouchots (ouvertures grillagées) qui piègent le poisson.

La gestion de ces « enclos » est assurée par des entreprises familiales ou villageoises. Ce sont dans tous les cas des propriétés collectives, justifié par le volume de travail nécessaire pour leur construction et leur entretien. Si leur fonctionnement est rodé, il arrive parfois que l’écluse génèrent des conflits entre les associés, comme ce fut le cas en 1786 entre deux sauniers de Loix.

La notion de « part d’écluse » est l’élément fondateur de ces communautés. Elle correspond à la part de la concession qui permet à l’un des concessionnaire de disposer de jours de pèches dans l’écluse et comprend aussi un devoir de réparation. Un chef d’équipe réunit les concessionnaires, organise les travaux d’entretien et répartit par tirage au sort les jours de pèche. Par respect du travail de chaque concessionnaire, il était de tradition de ne jamais constituer une équipe d’un nombre de concessionnaires multiple de 7 pour éviter que l’un d’entre eux ne tombe toujours sur un jour de mauvaise marée  et par conséquent d’être contraint à de mauvaises pèches.

La « part d’écluse » peut être cédée (héritage), vendue ou échangée. Au fil des transmissions et des découpages de part, certains concessionnaires se retrouvent avec le droit de pêcher que quelques jours par an.

Les écluses aujourd’hui

Aujourd’hui seules treize écluses sont encore en fonctionnement dans l’Ile-de-Ré. On en retrouve quatre à la pointe nord-ouest de l’Ile de Ré (Mouflet, Grande Ecluse, La Chouize, La providence) et neuf au sud-est (Touche-à-tout, Le Grand port, Le petit port, La vieille salée, la Jeune Salée, La Paillarde, La Jalousie, La Brizère, Foutreau).

La disparition de la majorité des écluses serait une conséquence du développement du tourisme sur l’île. L’affluence sur les bords de mer aurait provoqué de nombreuses destructions et aurait contribué à la faillite des exploitations. Mais, ce sont avant tout les conflits entre insulaires, pêcheurs d’écluse et marin pêcheurs qui aurait conduit à la disparition d’un grand nombre d’exploitations. Mais le R.O.I. de telles exploitation était devenu relativement faible. Le rendement des écluses et le coût de leur entretien ne permettait pas d’avoir des exploitations viables. Laissées sans entretien, les écluses ne pure faire face à l’usure de la mer et des promeneurs.

Le 25 mais 1967, par arrêté ministériel, l’Etat aordonné la destruction de toutes les écluses en raison des risques pour la navigation (création d’obstacles) et de la pression du lobby des pêcheurs accusant les concessionnaires d’écluse de concurrence déloyale.

Les derniers établissements en fonctionnement bénéficie d’une protection et leur activité n’est plus remise en cause.

 

Auteur de l’article : La rédaction