Sur la côte du Nord du Cotentin, les hommes ont construit de nombreuses fortifications à des points stratégiques. La présence au dessus Havre de Barfouis, d’un promontoire facilitait sa surveillance. Sur le territoire d’Ormonville, deux forts se sont succédés avant que l’armée allemande s’approprie ces fortifications pour son Mur de l’atlantique.
Vu du fort au début du XXe siècle
Dans des écrits anciens, on peut noter la présente sur la colline nommée Led-heu (ou Lait-heu sur la carte IGN) (carte IGN) la mention d’un fort. Ce dernier est différent de la batterie qu’on trouve encore aujourd’hui au bout du Hable de Barfouis.
Dans la carte de Cassini, on ne trouve cependant pas de trace de cette seconde fortification ce qui semble attesté que sa destruction serait antérieure à sa publication et que déjà au XVIIIe siècle seul l’actuel fort d’Ormonville était encore en utilisation.
Fort supérieur ou Fort de Led-Heu
Des études récentes ont mis au jour des irrégularité sur les sur la colline de Led-Leu surplombant la fosse d’Omonville. La situation du terrain est rendu aujourd’hui particulièrement inappropriée compte tenu de la végétation qui s’y est développée.
Selon toute vraisemblance un fort est mis en place vers 1520 comme le souligne une correspondance de Colbert du Terron à Colbert en 1664. Gilles de Gouberville (1521–1578) fait référence dans son journal (découvert en partie par abbé Tollemer, Principal au collège de Valognesque en 1867) à un fort défendant la fosse d’Omonville mais avec trop d’imprécisions pour le positionner et en imaginer les dimensions. En pratique, vu l’intérêt stratégique de la position, il est probable qu’une fortification ou une tour de guet ait pu y être installée dès la fin du XIIIe siècle. Des écrits parlent d’une occupation du site par les anglais jusqu’en 1450.
Il faut attendre 1695 et le « Plan de la fosse d’Aumonville, prez le Cap de la Hague avec les sondes de basse mer ». pour avoir des informations sur ce premier fort. Un second plan datant de 1702 reproduit les mêmes éléments. On même se demander s’il n’y a pas eu une simple copie du premier plan. Dans une enceinte de ce fort supérieur de 200m par 100m supérieur on trouve un bâtiment principal de 30m par 5m et des bâtiments annexes situés au nord ouest et un au nord-est.
La carte laisse apparaître la mention « ancien fort razé » attestant aussi de l’utilité passée de l’ouvrage militaire. Cette information est confirmé dans le plan d’Ormonville de Jean Magin de la première partie du XVIIIe siècle. En ce début de XVIIIe siècle, le fort semble avoir été abandonné. Au XIXe siècle, étaient encore facilement visibles des vestiges des ouvrages.
Extrait de la carte de Jean Magin
Aujourd’hui, les vestiges de ces construction se situent pour partie dans le périmètre du Conservatoire du Littoral et de propriétaires privés. Des sondages effectuées sur le domaine public ont confirmé la présence de plusieurs pièces disposant de murs extérieurs de 70cm et de dimensions variables (largeur interne fixe de 4m50). La bâtit utilise de la pierre locale et comprend dans chaque pièce les vestiges de cheminées. Les indices découverts semblent attester une construction à vocation militaire mais sans plus de précisions. Le plancher découvert suit les niveaux du terrain.
Les archéologues et historiens ont estimé, en regard des témoignages historiques et des vestiges, que le site a pu avoir un second usage de maladrerie pour les malades de la peste ou pour l’isolement des marins, sans que cela soit une certitude pour autant. Plus tard, le site aurait été utilisé pour l’installation de signaux de communication avec Jobourg et Querqueville (à vérifier).
Fort inférieur
Comme indiqué plus haut, le plan de Jean Magin présente clairement la position du fort inférieur dans son « Plan d’Omonville ». Il s’agit d’une batterie disposant d’une plateforme protégée par un parapet en terre. L’ensemble est fortifié par un rempart qui sécurise la position.
Le plan du fort datant de 1700-1800 montre un détail intéressant sur les phases de construction. Selon cette source, disponible à la BNF, la batterie basse aurait eu deux installations une première un peu plus en hauteur et la seconde rasante.
A – Nouvelle batterie, B – Ancienne batterie, C – Retranchement, D – Magasin à poudre
Seconde guerre mondiale.
Le Fort inférieur est intégré au mur de l’atlantique, secteur de Jobourg sous la dénomination WN302. L’armée allemande qui a investi les lieux à partir de 1943, ne maintient à cette endroit qu’une présence symbolique. La cote qui est très découpée ne permet un débarquement qu’à l’anse Saint-Martin ou à l’anse de Vauville. Cette situation ne justifie pas à déploiement de force important sur cette position.
Elle est composée d’une casemate VF pour canon skoda, une casemate pour mitrailleuse MG, une position pour PAK 36 de 4,7mm. L’occupant reconditionne un bloc du fort pour y installer une mitrailleuse MG.
Bibliographie
- Le fort de Led-Heu à Omonville-la-Rogue, Archéologie, Histoire et
Anthropologie de la presqu’île de la Hague (Manche) – Etudes et travaux Volume n° 6, Gérard Vilgrain-Bazin et Sébastien Houillier - LED-HEU, UN FORT DANS LANDE, Archéologie, Histoire et Anthropologie de la Presqu’île de
la Hague. Analyse sur la longue durée d’un espace naturel et cohérent. Quatrième année de recherche , par Sébastien Houillier, 2008, p. 131-143. - Plan du Fort 1700-1800. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530129749.r=omonville?rk=364808;4