Depuis le XVIIe siècle la pointe de Suzac est utilisée pour surveiller les entrées dans l’estuaire. Mais ce n’est qu’à partir de 1807 que des structures seront élevées pour fortifier la pointe. Elle feront l’objet d’améliorations régulières jusqu’en 1912. Conçue pour croisée le feu avec le Fort du Verdon, elle accusera toujours un retard technologique.
Configuration du site en 2019 – Photo DRA
En se promenant à la Pointe de Suzac, il est difficile de visualiser la configuration du fort et de la batterie jusqu’à leur évolution finale au début du XXe siècle. Réutilisée par l’armée allemande pour y installer la batterie HKB Köln (Gi30), le site sera totalement défiguré par les casemates bétonnées puis les bombardements soutenus de 1944 à 1945.
Par sa position stratégique à l’embouchure de l’Estuaire de la Gironde, la Pointe de Suzac a constitué très vite un site défensif idéal et un verrou naturel de l’entrée de l’Estuaire. Les hostilités avec l’Angleterre au XVIIe siècle ont favorisé le développements de défenses côtières sur l’ensemble du littoral. Mais très vite, elle furent marquées d’obsolescence au début du XIXe siècle et Suzac n’y échappa pas.
Napoléon Ier est convaincu de l’intérêt stratégique de l’embouchure de la Gironde et exige que ce point soit renforcé. En 1811, un peu plus en amont, il fait construire le Fort de Meschers. et remet au goût du jour la position de Suzac. une tour-modèle type 1811 à douze canons est construite.
En 1840, avec la tension des relations avec la Grande-Bretagne, le programme défensif reprend. Un vaste programme de modernisation est voté. Un installe à Suzaccorps de garde crénelé n°2 type 1846-1861 est terminé en 1864. Il s’agit d’un des derniers modèles de ce type construits en France, le programme ayant été arrêté définitivement en 1862. Inadaptée à l’artillerie utilisée à partir de 1860, il ne sera jamais armé.
Ce corps de garde est adossé à une batterie équipée de huit canons de trente livres. Une petite garnison de quarante hommes y est affectée. Mais l’évolution de l’artillerie et des techniques de fortification a rendu ces équipements une fois encore obsolètes. Des évolutions sont alors envisagées qui ne seront entreprise qu’à partir de 1877. Les défenses côtières fleurissent de part et d’autre de l’embouchure. Les forts de Grave et du Verdon couvrent la rive du côté de la Gironde et les fort de Suzac et du Chay les rives charentaises. Les quatre forts croisent leurs tirs pour protéger l’entrée du fleuve vers Bordeaux.
Entre septembre 1877 et avril 1878, près de 320.000 francs, une somme considérable pour de l’époque, sont engagés pour la rénovation des batteries. Elles comprennent désormais un monte-charge à munitions, sont équipées de canon de 19 et de 27 (deux de chaque) et de deux obusiers de 16. Un magasin de poudre bastionné complète le dispositif en 1882. Ces équipements vont évoluer jusqu’à la première guerre mondiale. En 1899, un projecteur, dotation standard des batteries, est rajouté sur le site. Les deux obusiers ont été remplacés par quatre canons « Lahitolle » de 95, le premier canon français en acier. Ils sont installés sur des affûts adaptés à la défense côtière.
Pour contribuer à l’effort de guerre, les canons seront démontés pour être envoyés dans l’artillerie sur le front. Le fort perd alors tout son intérêt stratégique.
Le fort aujourd’hui
Du fort du XIXe-début XXe, il ne reste que peu de choses identifiables mais les vestiges restent encore présent sous la végétation. A l’entrée du site depuis le sud, un panneau d’information présente l’organisation du site et permet de s’orienter au mieux. Seul le magasin à poudre bastionné, restauré est accessible. Le corps de garde est masqué par un glacis en pente qui laisse juste apparaître en son sommet des vestiges de maçonnerie. Les abris traverses sont en grande partie détruits et quelques vestiges sont présents aussi sous les monticules de terre et la végétation.
Architecture
Fortifications 1807-1880
Un logement et un magasin abrités par une levée de terrain composent le site en 1807. Ils sont remplacés entre 1861 et 1865 par un corps de garde crénelé (voir ci-dessous). Il est à son époque le seul élément défensif du site).
Les postes de tirs (points (d) sur la zone vert foncé) alternent avec des traverses comme dans le plan ci-dessous présent aujourd’hui au niveau de l’ancien pont levis.
L’ensemble va être continuellement amélioré jusqu’en 1908.
Corps de garde crénelé n° 2
Conçu pour 40 hommes il comporte deux bretèches par côté. Il comprend en standard 8 canons. Ses dimension sont de 19,90 m x 12,40 m. Son plan est le même que celui du Fort du Grouin. Entre 1876 et 1878 est profondément transformé, les fenêtres transformés en portes pour faciliter la circulation vers les nouvelles galeries latérales. La plateforme se trouve désormais à ras de terre. Un mur d’escarpe ouvert par une porte flanquée d’un pont levis complète le dispositif. Le corps de garde a été touché par les bombardements de 1944/45 et se situe aujourd’hui sous un monticule de terre. Ne sont visibles en arasement du sol que quelques pierres.
Magasin à Poudre bastionné (1882)
Dernier vestige du fort de la fin du XIXe siècle, le magasin de Poudre bastionné changera de destination et deviendra très vite un bâtiment utilisé par l’artillerie. Il était accolé au corps de garde. Construit à partir de 1879, il changera de destination à peine terminé (1882). A partir de 1899 il recevra un poste photo-electrique puis à partir de 1901, un poste télémétrique.
A l’intérieur du bastion on retrouve de petites pièces dédiées au stockage.
2 commentaires sur “Fort et Batterie de Suzac (1807-1915)”
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