La traversée de la Garonne est depuis toujours un problème auquel ont été confrontés les bordelais et ceci depuis des siècles en arrière. Ce n’est que depuis le début du XIXe siècle que Bordeaux dispose d’un pont sur la Garonne (Pont de Pierre). Au début du XXe siècle, la ville souhaite se doter d’un second point de franchissement plus en aval.
La traversée de la Garonne a été de tout temps un problème crucial à Bordeaux. Aujourd’hui encore, des projets de ponts ont mis du temps à se concrétiser. A la fin du XIXe siècle, l’invention de l’ingénieur Arnodin séduit les dirigeants français qui facilitent ses recherches et son développement.
Bordeaux va souscrire à ce projet en 1909 alors que la ville étudie la création d’un nouveau point de passage. Un projet de pont transbordeur est alors élaboré à proximité de l’emplacement actuel du Pont Bacalan-Bastide mis en service en 2013. Il avait pour principal avantage de ne pas contraindre la circulation maritime du port.
Commencé en 1910, la première guerre mondiale mettra fin aux travaux qui n’allaient jamais être repris. Dans les années 20 (photo ci-dessous), les pilotes font partie du paysage du port de commerce.
Les structures du pont transbordeur seront dynamitées par les allemands le 18 août 1942 car elles pouvaient être utilisées comme point de mire pour des bombardements alliés. Plusieurs sources précisent en outre que la destruction avait été effectuée également pour la récupération du métal qui composaient les pylônes et d’autres en représailles pour y avoir vu flotter un drapeau français (source (3) ). Les forces allemandes utiliseront aussi l’une des blocs d’attache rive droite pour un encuvement de canon Flak.
Actuellement, il ne reste que les fondations en pierres qu’on peut voir sur la rive droite dans l’alignement du cours du Médoc et les structures d’attache des cables rive droite dans la zone industrielle.
Le projet se voulait ambitieux. Compte tenu de la largeur de la Garonne, l’ouvrage comportait deux pylônes de 95 mètres de haut et la portion mobile se déplaçait sur une longueur proche de 400m. Le tablier était prévu pour se situer à 45m de haut au-dessus des quais supportant une plateforme de 10 mètres de large et 13 mètres de long se déplaçant au ras de l’eau.
La charge transportable s’élevait à 50 tonnes et la plateforme devait se déplacer à une vitesse de 12 km/h ce qui permettait six aller/retours chaque heure. Piétons, voitures et wagons pouvait y être transportés.
Avec ses caractéristiques, le pont transbordeur de Bordeaux aurait été le plus grand jamais construit. L’ouvrage en acier, imaginé par Ferdinand Arnodin, serait construit dans les ateliers de Fives-Lille Cail.
La première pierre posée en 1910 ne laissait pas augurer de l’issue défavorable de ce projet. Le pont ne fut jamais fini et ne sera jamais exploité. Les deux pylônes étaient pourtant terminés en 1914 mais la construction fut interrompue pendant le premier conflit mondial. Une fois la guerre passée, les services techniques des ponts et chaussées réétudièrent le projet modifiant légèrement sa configuration par rapport au projet initial. Finalement au terme de l’année 1918, le projet est abandonné en raison de la hausse du prix des aciers et du coût de la main d’œuvre.
Alors que les deux pylônes sont dynamités en 1942 par l’occupant allemand, les structures d’accroche des cables sont exploitées pour y installer une batterie Flak anti-aérienne. En juillet 1943, on y installa également un projecteur.
Un pont gigantesque
Avec 95m de hauteur en haut de pylones, une longueur de 400m, le pont transbordeur devait être le plus grand jamais construit. Sa situation permettait de combler l’absence de pont dans une zone portuaire très active. L’arrivée s’effectuait rive gauche dans l’axe de l’actuel Cours du Médoc.
Le Pont transbordeur aujourd’hui
Les vestiges du pont transbordeur ne sont pas spectaculaires mais permettent d’imaginer son envergure. Les piles supportant le pilône rive droite sont toujours visibles dans le port en face des anciens Hangars (Quai des marques). Ces deux piles permettent de définir l’orientation du pont. En retrait, de l’autre côté de la piste cyclable, est encore visible en 2019 (pour combien de temps ?) l’ouvrage devant servir d’encrage des cables de tension du pont transbordeur. Quand on compare cet ouvrage à la dimension de ceux présents au Pont Transbordeur du Martrou à Rochefort (le dernièr en activité en France), on imagine aisément que l’ouvrage aurait du être gigantesque. Les rares cartes postales tirées avec l’image des seules piles de ce pont l’attestent d’ailleurs.
Les derniers vestiges
Les points d’encrage se trouvent dans une zone industrielle dans une ère de stockage de déchets du bâtiment. Entre 2014 et 2015 la zone a été dégagée. Mais aucune information ne permets de déterminer quel sera l’avenir de ces vestiges qui s’intègre dans un vaste plan d’aménagement sur cette partie de la rive droite de la Garonne.
Point d’encrage des cables (rive droite)
Vue d’ensemble des deux points d’encrage des cables (rive droite)
Livres et revues
(1) Petit journal de l’exposition « Le pont transbordeur et la vision moderniste », Caisse Nationale des Monuments Historiques, Paris (France, 1992). 16 pages. ISBN: 2858220557
(2) Les grands ponts du monde: Ponts remarquables d’Europe, par Marcel Prade, Brissaud, Poitiers (France) , ISBN 2902170653, 1990.
(3) Bordeaux Secret et Insolite, Philippe Prévôt
Liens externes
* http://www.niederelbe.de/FAEHRE/bordeaux.htm (En allemand)
* http://www.timbresponts.fr/articles_et_publications/pontstransbordeurs2.htm
* sur Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Pont_transbordeur
* Marise Bastié http://www.ctie.monash.edu.au/hargrave/bastie.html
* Ferninand Arnodin http://crowpoint.co.uk/transporter_bridge/Life_of_Ferdinand_Arnodin.htm
4 commentaires sur “Pont transbordeur de Bordeaux”
Emetteur de Lafayette : C'est En France
(10 Mai ’16 - 10 h 50 min)[…] pour le Pont transbordeur de Bordeaux, la seconde guerre mondiale aura fait disparaitre une construction métallique […]
Bordeaux, balade des deux ponts : C'est En France
(31 Mai ’16 - 8 h 49 min)[…] de pont sans autre construction. Il s’agit des supports de l’armature métallique du pont transbordeur inachevé de Bordeaux. Continuez jusqu’au pont […]
Pont transbordeur : le téléphérique oublié – Ma Vie en Gazelle
(6 Avr ’19 - 23 h 51 min)[…] Le pont transbordeur de Bordeaux, site C’est En France […]
Ferdinand Arnodin – C'est En France
(21 Fév ’23 - 17 h 34 min)[…] Bordeaux : inachevé, piliers démontés en 1942. Il aurait été deux fois plus long que les autres, donc […]
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