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Cathédrale Saint-Jean de Lyon (primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne)

Sujets de l'article : Lyon , Vieux Lyon

La primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne, appelée communément Cathédrale Saint-Jean, est le siège du diocèse de Lyon. Elle doit son rang de « Primatiale » au titre de l’évêque de Lyon qui est également « Primat des Gaules ». Construite à partir de 1175, le chantier se déroulera sur quatre siècles jusqu’en 1480.

Découverte du monument

Située dans le quartier médiéval de Lyon, ou Vieux Lyon, elle est l’un de ses monuments importants. A l’origine prenait place un véritable complexe ecclésiastique comprenant plusieurs églises (dont les églises Sainte-Etienne et Sainte-Croix) et des bâtiments conventuels. Ils composait le groupe cathédral. Une grande partie de ces constructions ont été détruites pendant la Révolution Française. Il en subsiste aujourd’hui la Manécanterie Saint-Jean, le plus vieux bâtiment religieux de Lyon. En face du portail de la Cathédrale, on retrouve la fontaine Saint-Jean datant du XIXe siècle.

Histoire

Si on ne parle pas de cathédrale à cette époque, des premiers ouvrages sont édifiés au Ve siècle. La « maxima ecclesia » est élevée en 469 par l’évêque de Lyon, Patient (449-494). Les sarrasins causeront sa destruction (partielle ou totale) lors de leurs invasions du VIIIe siècle. Sous l’emprise de l’actuelle cathédrale, l’évêque Leidrade, reconstruit un nouvel édifice. L’église Saint-Etienne déjà présente  sous Patient est une nouvelle fois restaurée. Des reliques sont installées dans l’église, notamment celles de saint Cyprien (évêque de Carthage). Au XIe siècle, l’église est dotée d’un clocher dont on ne connaît pas vraiment la nature et est considérablement renforcée entre 1064 et 1083 avec des murs plus épais et un nouveau toit. Elle prend pour l’occasion le titre de « Cathédrale ».

A la fin du XIe siècle, le complexe épiscopal comprend trois églises, Saint-Etienne, Sainte-Croix et Saint-Jean à laquelle est accolée un cloitre.

Le projet d’extension de la Cathédrale voit le jour au milieu du XIIe siècle et s’effectue dans un climat conflictuel. La configuration de l’église carolingienne impose un construction vers l’Ouest (vers la Colline). Cette option soutenue par Guichard de Pontigny, archevêque nommé par le pape Alexandre III aux dépends de Dreux de Beauvoir élu par les chanoines de Saint-Jean. Par pure approche politique le chapitre s’oppose à cette projection vers l’ouest et souhaite que la cathédrale soit déplacée vers l’est, proche des rives de la Saône, sur un terrain au demeurant meuble et non stabilisé. Les arguments avancées sont la présence de sépultures chrétiennes à l’ouest. De façon habile, Guichard de Pontigny fonde une nouvelle église en 1192 sur la Colline de Fourvière qui a aussi une fonction d’inhumation les chanoines. Dès lors, plus rien ne peut opposer l’extension de la Cathédrale vers l’ouest. Il concède malgré tout un décalage vers l’est du projet d’une vingtaine de mètres.

Le chantier s’annonce compliqué. Une première phase de travaux débute en 1175 visant à renforcer les berges de la Saône. Le terrain qui va accueillir le nouveau chevet est stabilisé à l’aide de pieux de bois. La cahier des charges prévoit aussi que le culte soit maintenu pendant la construction de la cathédrale. L’enveloppe qui est plus importante que l’ancienne cathédrale pourra être construite tout autour sans difficulté. Puis pour effectuer l’élévation, l’ouvrage ancien est progressivement démonté en particulier quand il faut construire les colonnes qui vont supporter la nef.

Bien qu’inachevée, la cathédrale va accueillir les conciles de Lyon de 1245 et de 1274. Le pape Jean XXII y est couronné en 1316. Le pape Innocent IV y siège lors des sept années qu’il demeure à Lyon (12441251).

A la fin du XIIIe siècle, le rythme du chantier ralentit faute de financements et à cause du conflit latent entre archevêché et chapitre influe sur les priorités de construction. L’implantation plus vers l’Est demandée par le chapitre et à l’origine d’un désastre : un affaissement de terrain et sa consolidation d’autre part provoque une différence de résistance du sol et un  écroulement du coeur. Une fracture des murs de l’abside remonte jusqu’à la partie haute du coeur. Les chapelles latérales ont leurs murs brisés.

Au XVe siècle, les stigmates de l’écroulement du XIIIe siècle sont encore présents et des réparations doivent être réalisées. Cette faiblesse obligera les bâtisseurs à intervenir régulièrement, la dernier campagne ayant eu lieu en 1989.

Construction et architecture

La cathédrale est construite en grande partie avec des matériaux de récupération provenant d’édifices antiques. Selon les archives, le forum, l’odéon antique de Fourvière et le théâtre de cette même colline ont servi de carrière de pierre pour alimenter sa construction. Plus tard, les pierres proviendront des carrières de Lucenay fournissant un calcaire facile à acheminer par la Saône et adapté à l’évolution de l’architecture voulue par Renaud de Forez, archevêque de Lyon de 1193 à 1226 (passage d’un édifice roman à un édifice gothique).

Tout au long de la construction, le style va être adapté et très tôt elle va présenter un style hybride avec des éléments romane dans une construction principalement gothique à partir de 1230. Sous Innocent IV, le chantier s’accélère. La papauté se doit d’avoir une Cathédrale à la mesure de son rayonnement. Les rosaces du transept sont construites entre 1235 et 1250 (gothique rayonnant). La construction connait encore des aléas de financement et il faut attendre 1415 pour la que double nef soit finalisée (débutée en 1308). Un cloitre est adossé à la Cathédrale en 1419. Décors et chapelles sont réalisée respectivement en 1481 et entre 1401 et 1494.

Après plus de 300 ans de construction, la cathédrale peut enfin rayonner sur Lyon mais ce sera de courte durée puisque en 1562, pendant les guerres de religion, elle va être dévastée par les calvinistes. Le jubé est réduit à néant. Les chanoines vont construire un ouvrage temporaire en 1573. Il sera reconstruit dans les règles de l’art en 1581. Pendant ce XVIe siècle, la cathédrale se dote de deux chapelles supplémentaires.

La Cathédrale connait d’importants problèmes d’étanchéité sur la partie supérieure des trois portails et leur galerie. Les infiltrations d’eau compromettent la solidité des murs intérieurs qui supportent la galerie. Une campagne de travaux a lieu en 1696 qui ne résout pas le problème. Il est alors préconisé de reconstruire totalement la façade en 1706.

Entre 1752 et la fin du XVIIIe siècle, les travaux continuent. La façade est réaménagée afin de réparer certaines destructions faites en 1562 et qui n’avaient pas été traitées. L’intérieur est rénové notamment pour blanchir les murs et nettoyer les statues.

La révolution française fait également son oeuvre en particulier pendant le siège de Lyon en 1793. « Temple du Culte de la Raison et de l’Être suprême », la cathédrale sera ensuite délaissée. Les églises Saint-Etienne et Saint-Croix sont détruites. Si le culte y est rétabli le 6 juin 1802, les offices sont réalisés dans un édifice sans vitraux ni baies, aux toitures perméables à l’eau. Elle sera restaurée en profondeur sous l’Empire avant la sacre de Napoléon en 1804.

Entre 1815 et 1848, l’archevêque dispose d’une grande latitude pour entreprendre des restaurations. Mais, les résultats des travaux sont sur certains points catastrophiques. Si les interventions sur la couverture en 1832 et 1836 ont permis d’améliorer son étanchéité et de réduire son poids, celles réalisées sur les vitraux et les badigeons ne purent aboutir, faute de compétences et de financement.

Tony Desjardins nommé architecte diocésain en 1845, veut redonner une harmonie à l’architecture de la Cathédrale Saint-Jean. Cet ambitieux projet est rejeté par l’administration des Bâtiments civils qui le somme à se limiter à de la simple restauration. La charpente est restaurée entre 1855 et 1861. L’architecte n’abandonne pas pour autant ses projets et imagine la construction d’une flèche au dessus de la croisée du transept. Mais de nombreux architectes estiment que la cathédrale idéale devrait comportér une flèche sur chacune de ses deux tours, d’autre s’exprimer sur la hauteur du toit. Mais aucun projet ne verra le jour. Une crise budgétaire en 1880 réoriente les dépenses sur les bâtiments publics et civils. Les autorisés ecclésiastiques devront se contenter du simple entretien. En 1862, elle est classée aux monuments historiques.

La catastrophe de Fourvière du 12/

Pendant la seconde guerre mondiale, les vitraux anciens ont été déposés et stockés dans des caisses. Seules les verrières laissées en place seront soufflées lors des explosions des ponts adjacents. En 1956, doivent débuter les travaux de restauration et la remise en place des vitraux. En 1973, les travaux ne sont pas terminés et le cardinal Renard s’agace de voir entre des stigmates de la seconde guerre mondiale. En parallèle des fouilles sont menées. La partie nord est dégagée et permettent de mettre au jour des vestiges de l’Eglise Sainte-Croix.

Les restaurations continuent dans les années 80 avec en point d’orgue les travaux menés à l’intérieur de la Cathédrale pour la venue de Jean-Paul II à Lyon en

Architecture

Pour une cathédrale, l’édifice présente des dimensions plutôt modestes. On peut l’attribuer à plusieurs éléments.

En premier lieu les conflits politiques entre l’archevêque Guichard et le chapitre a contraint l’espace sur lequel l’ouvrage pouvait se développer avec une limite physique constituée des berges de la Saône et l’espace devant être laissé livre à flanc de colline. L’ouvrage ne pouvait donc excéder une longueur de 90m. La Cathédrale présente au final une longueur intérieure de 80m.

Mais si la contrainte d’occupation du sol est facile à comprendre, son élévation a elle aussi été contenu en raison de l’échelonnement dans le temps du chantier qui a vu donc des styles de construction se succéder. Les ouvrages successifs ont du cohabiter. Construite au départ dans un style roman, les limites techniques ont contraint les bâtisseurs successifs dans leur élévation de l’ouvrage. Ces contraintes se traduisent dans une largeur réduite de la voute et une hauteur du coeur de 24m. Les trois nefs construites un peu plus tard bénéficient d’une élévation de 26m.

En revanche, rien n’empêchait de façon théorique d’élever les tours plus haut que leurs 44m et de les surmonter d’une flèche. Mais la nature du terrain et les travaux de consolidation réalisés de façon inégale ont rendu l’opération risquée.

Auteur de l’article : La rédaction

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