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Forteresse du Nord Médoc (Atlantikwall Festung Gironde Mündung Süd)

Sujets de l'article : Soulac-sur-Mer

La Forteresse du Médoc est un maillon important du Mur de l’Atlantique pour sécuriser l’accès à l’estuaire de la Gironde, à Bordeaux et à la base sous-marine qui y est établie. Elle fut l’une des dernières poches de résistance nazie en France. Elle est l’une des « Festung » établies en France par l’occupant allemand (Festung Gironde Mündung Süd).

Présentation

Souvent assimilée par un public non averti au Fort ou Batterie des Arros  (Gi307), situé à Soulac-sur-Mer, la Forteresse du Nord Médoc (ou Festung Gironde Mündung Süd) est un dispositif plus complexe et étendu qui dessine un large triangle dont les sommets sont la pointe du Médoc, la plage de Montalivet et Saint-Vivien de Médoc, sur l’estuaire de la Gironde. C’est une zone destinée à être un dispositif de repli pouvant maintenir le contrôle de l’estuaire même s’il est assailli. Il fait face à la Festung Gironde Nord qui s’étend de la Pointe de Suzac au Fées (Ronce-les-Bains).

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Position Gi305 de Radiodétection

Ce sont  37 positions et près de 350 bunkers qui sécurisent un secteur qui se découpent en trois zones successives. Autour de la Pointe du Verdon se situent les positions les plus évoluées comportant un ensemble de batteries, de zones de stockage et des équipements de radio détection. Elles font face au Fort de Suzac sur la rive charentaise de l’Estuaire. Le dispositif est particulièrement destructeur en couvrant la surface de l’estuaire avec des tirs croisés de part et d’autre.

Plus à l’arrière afin de protéger ce front de défense, l’organisation Todt a fait creuser un vaste fossé antichar entre l’estuaire de la Gironde et les abords de Soulac. Il ne sera jamais terminé sans qu’en soit déterminé à proprement dit la raison. Il est complété par des positions défensives qui verrouillent les axes routiers, seuls passages possibles vers la point du Médoc. Derrière le fossé, l’armée allemande peut bénéficier de la difficulté du terrain, avec des marais et des terres immergées entre Soulac et Le Verdon pour conforter son dispositif. Une seule position se situe dans ce secteur, le Gi 326 « La Gare du Moutardier ».

La pointe du Médoc dispose d’un dernière  ligne d’avant postes qui contrôlent les voies de circulation venant des zones côtières et de la métropole bordelaise. Cette bande de sécurisation comprend des positions sommaires utilisant des constructions existantes, la configuration du terrain et des positions en bois.

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Plan d’ensemble de la Forteresse du Médoc

Depuis Bordeaux, la circulation est contrôlée par un point d’appui sur la commune de Blanquefort (BO-2) où prennent place 10 positions dont 3 H604 pouvant recevoir jusqu’à quatre pièces d’artillerie.

Le déploiement est visible sur la carte : « Cartographie du mur de l’Atlantique« 

Découverte

La Forteresse du Nord-Médoc, ou « Festung Gironde Mündung Süd » est un ouvrage intéressant. Outre la protection de l’accès maritime vers Bordeaux, c’est une zone de repli, qui sera d’ailleurs l’un des derniers points à être libéré du joug allemand en France (1945) longtemps après le débarquement du 6 juin 1944.

La France entretient depuis des siècles, et notamment depuis le règne de Louis XIII, un ensemble de fortifications de côtes tant pour protéger embouchures et ports mais également pour limiter les risques de débarquements adverses. Autour de l’embouchure de la Gironde, les positions les plus sérieuses ont été bâties du côté de la Charente, l’accès à Bordeaux étant historiquement contrôlé par des navires de surface et par le Verrou de Bordeaux au droit de la Citadelle de Blaye. A partir de 1938, les autorités françaises décident d’installer une nouvelle Batterie aux Arros, l’une des positions les plus célèbres de la côte médocaine. Elle se veut l’une des plus modernes avec quatre encuvements équipés de canons de 164,7 mm et un poste de télémétrie à trois niveaux, assez proche dans sa conception des M162 allemands. On retrouve un équivalent, de la même époque, côté Charentais, la batterie Requin près de la Grande côte.

Au Verdon-sur-Mer, on retrouve la batterie du Verdon équipée de Canon de 75mm et celle de  St-Nicolas avec des pièces de 95mm. Ces deux positions ne bénéficient pas d’aménagements en dur. Le Fort du Verdon ne comprend aucun armement à la déclaration de guerre.

Les installation côtières françaises souvent traitées à l’économie par la Marine, sont investies par l’armée allemande dès l’envahissement du territoire. Avant même que l’idée de construire le Mur de l’Atlantique soit évoquée, de nombreuses font l’objet d’aménagements supplémentaires. C’est le cas de la batterie côtière aux Arros, du Fort et de la Batterie du Verdon-sur-Mer.

Dès 1941, l’occupant allemand prévoit de maintenir le contrôle de l’entrée de l’estuaire coûte que coûte même dans une situation où il est contraint au repli. Le concept de « Festung » est introduit très tôt dans la guerre et va être appliqué dans de nombreuses zones stratégique, principalement autour des ports.

Alors que le mur de l’Atlantique n’est qu’en construction, le dessin de la Forteresse du Médoc s’avère très vite titanesque et inatteignable. C’est en particulier le cas de la ligne de défense qui borde le fossé anti-char qui s’étend au sud du chenal de Neyran jusqu’à Soulac. Initialement, on devait y trouver des positions de même nature que sur les dunes de la côte Atlantique, mais elles vont se limiter pour la plupart à des postes de mitrailleuses (tobrouk) ou des ouvrages en rondins de bois. C’est la raison pour laquelle peu de vestiges sont aujourd’hui visibles. Le fossé lui aussi n’a jamais été achevé et se termine aux alentours de Soulac, au lieu dit Les Cousteaux.

Il existe plusieurs théories quand à l’arrêt de son creusement. Outre des difficultés d’approvisionnement en matériaux et consommables qui ont pu affecter la construction des ouvrages défensifs, il semblerait que la nature des sols très sablonneux ait pu affecter la stabilité de l’ouvrage.

La ligne la plus au Sud, la Vorfeld (terrain avancé), qui part du port de Saint-Vivien en tirant droit vers du nord vers le sud jusqu’au sud de Saint-Vivien puis d’Est en Ouest vers Montalivet, fut également impactée et ne comprendra que des position de second ordre également à base de rondins ou exploitant la configuration du terrain.

Documentation

Photographies

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Bibliographie

ROYAN – POINTE DE GRAVE, Poches de l’Atlantique – Occupation – Fortifications – Libération, 1939-1945. Alain Chazette & Fabien Reberac, Editions Histoire & Fortifications

Auteur de l’article : La rédaction

7 commentaires sur “Forteresse du Nord Médoc (Atlantikwall Festung Gironde Mündung Süd)

    […] Le dispositif comprend trois positions de batterie couvrant l’entre du bassin d’Arcachon l’accès au port, deux station de radiodétection (radar) et quatre positions sécurisant les plages avant et après le bassin d’arcachon. Bien que stratégique, le secteur Ar n’atteint pas le complexité du secteur Gironde Nord et de la Forteresse du Nord Médoc. […]

    […] ensemble défensif complexe et vaste. Pour autant, le plus étonnant se trouve peu plus au nord. La Forteresse du Nord Médoc, un des plus vastes ensemble du Mur de l’Atlantique en dehors de la Normandie, résistera […]

    […] A côté des constructions côtières, l’organisation Todt a complété son dispositif par des points d’appui dont le rôle était de contrôler les voies principales vers des positions plus importantes. En Gironde, les zones d’implantation principales se situaient à Pessac, à Canéjan et à Banquefort. Le point de de Blanquefort est un point de contrôle ferroviaire et routier vers la Forteresse du Nord Médoc. […]

    […] Alors qu’elle va compter en mai 1944 près de 1300 marins répartis dans les camps de Bacalan, Gradignan et Canéjan,  la 12e U-FLottille est dissolue en Août 1944 et la base sous-marine est abandonnée avec 2 U-boot en panne. La garnison est transformé en division de Fusilliers Marin, la division Weber. Une partie de ces troupes parvient à remonter vers le Poitou-Charente, l’autre rejoint le pointe du Médoc et la Forteresse du Nord Médoc. […]

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