Accès stratégique vers Bordeaux et les vignobles du bordelais, l’estuaire de la Gironde a longtemps été une ligne de démarcation entre belligérants lors des différents conflits. Protégé par des moyens parfois dérisoires, la révolution de l’artillerie permettra des feux croisés assurant un meilleur contrôle de cette pénétrante dans les terres. La distribution des points de défense de l’estuaire s’associe plus à des système coordonnés de défense qu’à une véritable ligne de fortification.
Large et navigable, le fleuve Garonne (devenu plus tard Estuaire de la Gironde) est depuis toujours un axe de communication et de commerce important pour Bordeaux et sa région. Mais il fut aussi très vite et à de nombreuses reprises, une voie royale pour les envahisseurs. Les invasion normandes vers 900 ont contribué au développement de forteresses et éléments défensifs pour contrer ces incursions. Cette démarche était cependant directement liée aux fiefs que les envahisseurs pouvaient traverser et il faudra attendre le XVIe siècle pour voir un développement coordonné.
L’une des premières forteresses connues sera la Château Fort ou Forteresse de Castillon construite au début du XIe siècle. Les rives de l’estuaire et de la Garonne seront protégés par des Châteaux plus ou moins près du rivage dont l’un des plus médiatiques est le Château du Prince Noir au pied du Pont d’Aquitaine.
Au cours de l’histoire, les fortifications et les défenses de l’estuaire ont considérablement évolué avec comme aboutissement les défenses mises en place par Vauban, puis sous Bonaparte et enfin par les forces allemandes dans le périmètre du Mur de l’Atlantique. Mais avant l’invention de l’artillerie, on se contentera de surveiller et d’agir en cas d’incursion sur les terres.
Dès le Néolithique, on retrouve des lieux fortifiés mais dont la vocation est plutôt de contrôler les lieux de débarquements. Ce n’est qu’à partir de l’Antiquité, sous l’autorité romaine, qu’un vrai dispositif est mis en place. Les Milices de la Garonne, du castrum de Blaye, ont pour vocation d’empêcher le débarquement des saxons.
Après la chute de Rome, les châtellenies voient le jour. Elles multiplient la construction de forteresses principalement sur les hauteurs des falaises de la rive droite.
On profite des sites escarpés de la rive droite pour y développer un ensemble de point fortifiés notamment à Royan, à Talmont, à Saint-Seurin d’Uzet, à Mortagne , Blaye ou Bourg. Sur la rive gauche, la Forteresse de Castillon sera pendant longtemps la seule position.
Mais faute de possibilités d’action sur le fleuve, ces positions n’ont d’efficacité qu’en réaction d’un débarquement ou agir sur l’arrière garde des navires. Elles ne sont pas de taille à déjouer un trafic maritime d’invasion. La défense navale apparaît comme une solution plus efficace.
Malheureusement le fleuve Garonne grâce à sa navigabilité peut être utilisé par des troupes hostiles aussi bien depuis l’aval que l’amont de Bordeaux. En outre les mouvements de troupe peuvent venir d’un côté ou de l’autre des rives ce qui complique aussi la tâche. Charlemagne comprendra bien la problématique et souhaitera mettra en place des flottilles pour contrôler les embouchures des fleuves. Pourtant, lors des invasions normandes ces derniers ne rencontreront aucune difficulté pour remonter la Garonne jusqu’à Toulouse. Des flottilles françaises ou Anglaises, en fonction des époques, défendront tour à tour la fleuve mais sans que cela soit déterminant. La configuration géographique et l’emplacement de Bordeaux à la croisée des chemin rend la tâche difficile, les invasions pouvant venir des quatre points cardinaux.
La chambre de commerce de Bordeaux armera elle aussi une flottille pour assurer la protection de Bordeaux. Les seigneurs de Blanquefort ne seront pas en reste en feront de même en 1242.
Mais cette présence de navires armés sur le fleuve aura d’autres utilités. Avant de défendre les accès vers le terres, ils seront utilisés pour appuyer des sièges ( Blaye et Bourg en 1294, Talmont en 1406) ou même ravitailler des villes assiégées. Au delà de la protection du fleuve, ces navires seront plus souvent opposés à d’autres escadres avides d’en découdre.
Les début marquants de l’artillerie autour du fleuve sont constatés en 1593 lors de la bataille du Bec d’Ambès. Le combat entre Anglais et Espagnol fut appuyé par des tirs d’artillerie depuis la rive du fleuve. C’est la première fois que l’artillerie à terre s’oppose à des bateaux circulant sur le fleuve. En 1622, ce sont les Huguenots qui profitent de leur débarquement sur l’île d’Argenton pour bloquer l’accès au fleuve à l’aide de quatre canons. Les premières batteries de canon sont installées à cette époque sur l’île Cazeau. puis sur l’île d’Issan en 1653. A cette époque compte tenue de la portée des pièces d’artillerie, une telle protection ne peut se faire que dans les parties les plus étroites du fleuve.
Le développement de l’artillerie à terre se poursuit sous Vauban. S’il n’est pas attesté de façon précise la date de la construction du premier Fort du Verdon au bout de la pointe du Verdon, il figure sous le nom « Batterie de la Pointe du Verdon » sur les cartes d’état major de 1820. Il sera rayé de la carte en 1830. Il correspond au fort de Chambrette précisé sur la carte de Cassini (XVIIIe s). A cette époque une autre position, le fort Gerolle (ou Gerotte), se situe côté mer. Ces deux positions se situer sur une potion du littoral emporté depuis par la mer.
Les autres formations vont voir le jour un peu plus en amont au niveau de Blaye. Vauban y fait construire ce qu’on appellera plus tard le Verrou de Bordeaux, composé de la Citadelle de Blaye sur la rive droite (construit autour du Château des Rudel), du Fort Paté sur l’île Paté et du Fort Médoc sur la rive gauche de l’estuaire.
Au début du XIXe siècle la principale défense restera cependant les navires à quai ou patrouillant dans l’estuaire. Les infrastructures au sol sont totalement obsolètes. Le Regulus, notamment, mis en service en 1805 aura en charge la surveillance de l’estuaire dès 1813 avec d’autres navires. Il sera coulé par une escadre anglaise en avril 1814 au large des grottes de Regulus (qui ont pris son nom) à Meschers sur Gironde.
Pour compléter la défense de l’estuaire, face à des relations très tendues avec l’Angleterre, un programme défensif de grande ampleur relance plusieurs projets. Plusieurs ouvrages sur la côté océane et dans l’estuaire sont consolidés ou construits. Depuis le Fort des Arros à Soulac, jusqu’à la Grande Côte au Nord de Saint Palais, plusieurs batteries et redoutes assurent la protection de l’estuaire. Le fort du Verdon qui s’est abimé en mer est remplacé par le Fort de Grave plus en retrait, construit sur le modèle des forts Vauban. Il dispose d’une annexe sous la forme d’une redoute positionnée sous la dune au bout de la jetée du Verdon.
Des redoutes de petite taille ont un rôle de guet et des forts plus conséquents, comme les Forts du Chay à Royan, le Fort de Suzac ou les Forts de Grave et du Verdon assurent un feu croisé avec leurs batteries face à de possibles incursions ennemies. Certains projets ayant trop tardé sont abandonnés en 1864. Le Fort de Suzac ne sera armé qu’en 1877. Plus en avançant dans l’estuaire, une redoute est construite à l’emplacement de l’ancien Château de Castillon.
Les infrastructures des quatre forts évolueront jusqu’à l’aube de la seconde guerre mondiale. En 1938, la Marine Française fait évoluer ses défensse qui vers 1935 se limitent en Gironde au Fort du Verdon, une redoute inachevée à la pointe du Médoc et la Batterie « de circonstance » de Saint-Nicolas. Sont construite côté Gironde la Batterie des Arros et sur la Grande côte, la Batterie du Requin. Elles complètent les ouvrages déjà en place dont le très puissante Fort du Chay au Nord de Royan.
Poches de Royan et du Verdon
L’occupation allemande va totalement bouleverser le paysage défensif de la pointe du Médoc. Le Mur de l’Atlantique voulu par Adolf Hitler prend place tout autour de l’estuaire et exploite les positions déjà en place. Pour verrouiller l’accès à Bordeaux et à sa base de sous-marins, l’envahisseur bétonne l’enbouchure et crée deux forteresses de part et d’autre, la Forteresse du Nord Medoc et celle de Royan. La densité de positions est impressionnante et on y trouvera même jusqu’en 1943, sur la position Gi 331 du Verdon, deux canons de marine de 280m sur wagon ferroviaire. Ils seront démobilisés très tots et envoyés au Nord pour renforcer les défenses de Normandie.
Batterie française des Arros
Citadelle de Blaye
Fort Paté
Fort Médoc
Chateau des Rudel
Forteresse de Castillon
Mur de l’Atlantique
Dernière mise à jour : 15 août 2016.
4 commentaires sur “Les fortifications de l’Estuaire de la Gironde”
Fort des Arros : C'est En France
(5 Août ’16 - 8 h 34 min)[…] site fut bien avant l’occupation allemande l’une des positions françaises assurant la défense de l’estuaire de la Gironde. En décembre 2011, un encuvement pour canon de 180m français fut mis au jour par l’Association […]
Falaises de Meschers : C'est En France
(25 Août ’16 - 8 h 33 min)[…] contribuèrent également à assurer la défense et la surveillance de l’estuaire de la Gironde. L’un des navire de surveillance de l’estuaire, le Régulus, coulera au large des […]
Batterie des Arros (AtlantikWall M.K.B. Soulac – Les Huttes – Gi307) : C'est En France
(23 Mai ’17 - 9 h 31 min)[…] Ce qu’on sait moins c’est que le site fut bien avant l’occupation allemande l’une des positions françaises assurant la défense de l’estuaire de la Gironde. […]
Fort de Suzac – C'est En France
(5 Mar ’19 - 11 h 45 min)[…] nécessaire de surveiller l’entrée de l’estuaire. Le Fort fait partie des nombreuses défenses de l’estuaire construites au fil des […]
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